dimanche 9 septembre 2012

FINALLY LEAVING BURUNDI


Voilà quelques mois que j'ai quitté le Burundi. La fatigue des derniers mois, les déchirements du départ commencent à s'estomper, d'autant plus qu'un petit bout de Burundi s'apprête à me rejoindre, ce qui rendra la distance d'avec ce merveilleux petit pays un peu moins pénible et laisse présager un retour prochain ! Ce billet n'est donc pas vraiment un mot d'adieu ou une annonce de clôture de ce blog, mais plutôt le signet marquant la fin du premier chapitre de mon aventure burundaise. J'espère être rapidement amenée à en écrire un nouveau !

En attendant, ces trois années sont passées à toute vitesse, moi qui n'imaginait même pas en tenir deux ! Beaucoup de projets ont été lancés dans les derniers mois de ma mission, qui avancent forcément un peu moins vite que ce que je ne souhaiterais, mais qui ont le mérite d'exister. Grâce à eux, et aux témoignages de satisfaction et d'affection que j'ai reçus de mes collègues et de mes amis au moment du départ, j'ai vraiment l'impression d'avoir laissé une trace, d'avoir existé positivement au milieu des autres, d'avoir initié certaines choses.

Pourtant, j'ai un pincement au cœur en pensant aux amis que j'ai laissés là-bas. Pas facile de garder le contact dans une relation à distance. Ces rapports uniques tissés là-bas, fondés sur le plaisir simple d'être ensemble, souffrent de l'absence de quotidien.

Finalement, c'est une drôle d'impression que celle du retour : le volontariat paraît si loin, on reprend si vite les veilles habitudes ! Pourtant, on ne se sent plus tout à fait à la même place, sans doute parce que beaucoup de choses ont changé pendant notre absence, un peu parce que soi-même, on a évolué. Il est alors difficile de faire le tri, de savoir ce qu'il est bon de laisser revenir et ce qu'il faut à tout prix préserver de cette expérience somme toute assez exceptionnelle.

Bref, le retour, c'est souvent la confusion, une certaine incertitude sur l'avenir, notamment professionnel, mais aussi personnel. On repense au moment où l'on est parti et où l'on n'imaginait pas que l'on en reviendrait si bouleversé...

samedi 28 janvier 2012

A DIFFERENT MENTALITY IN BURUNDI

    Après plus de deux ans passés au Burundi, d'innombrables discussions avec d'aussi innombrables amis burundais ou expatriés ici depuis plus ou moins longtemps, certaines réflexions, totalement généralisantes je l'admets, me sont venues à l'esprit. Elles sembleront certainement un peu dures, mais je les partage avec vous pour exprimer tout l'espoir que je place dans le profond changement de mentalités que je vois poindre à l'horizon.

    La plupart de ceux qui sont amenés à travailler quelque mois dans ce pays en ressortent souvent avec l'idée que beaucoup de leurs collègues burundais sont très individualistes, que tout ce qui leur importe est leur enrichissement personnel, à n'importe quel prix, et au détriment de la cause pour laquelle ils ont été embauchés. Or d'abord, nous en avions déjà parlé, lorsqu'un enseignant gagne à peine l'équivalent de 90USD par mois, tandis qu'il a un loyer à payer et quatre enfants à nourrir, il semble difficile d'exiger de lui qu'il s'investisse à fond dans son travail. L'acte gratuit devient alors facilement une chose très abstraite, voire une simple perte de temps et d'argent.

    Cela étant dit, il est vrai que tous ceux qui sont visés par le qualificatif « individualistes » ne sont pas à plaindre. Certains gagnent même très bien leur vie, ce qui ne les empêche pas de travailler le moins possible tout en profitant au maximum de leurs avantages en nature. Mais ce qui les différencie fondamentalement de ceux qui font la même chose dans nos pays occidentaux, c'est justement leur définition un peu particulière de « l'individualisme ». Rappelons-nous qu'ici, la notion d'individu est assez extensible, et que ce dernier n'existe réellement que par le groupe auquel il appartient. C'est pourquoi ici, la corruption ou l'abus de bien social ont rarement pour objectif l'enrichissement de l'individu pour lui-même, mais bien de sa famille – souvent élargie, voire de son village. Cela vous semble un peu cliché ? Allez donc expliquer à l'oncle qui a payé vos études, alors que vous avez une voiture de fonction, que vous n'avez pas le droit de vous en servir pour le mariage de sa fille, que l'usage de ce véhicule est réservé au cadre strictement professionnel et ne peut être détourné à des fins privées. Vous allez voir sa tête ! La pression sociale sur ceux qui ont réussi est telle qu'il est très difficile de résister à la tentation de se servir un peu plus qu'on le devrait pour en faire profiter les siens. Il faut se le dire : vous aurez beau être richissime et avoir une formidable situation, si ces avantages ne sont pas partagés avec les vôtres, socialement vous n'êtes personne.  Voilà pourquoi je suis toujours un peu gênée d'entendre dire que les burundais sont « individualistes ».

    Le problème à mon avis est plutôt la façon dont les gens ici appréhendent la chose publique : pour eux, elle n'existe que de façon très abstraite et ne leur apporte concrètement rien. Tous les burundais que je connais disent bien d'ailleurs : « charité bien ordonnée commence par soi-même » ! Ils ont bien du mal à comprendre pourquoi ils devraient faire primer sur leurs intérêts concrets et immédiats dont personne ne se préoccupe, un intérêt général qui semble finalement ne servir qu'à engraisser ceux qui en ont le moins besoin. Dans un pays où l'État est socialement relativement faible, le mot d'ordre est plutôt « aide-toi, le Ciel t'aidera ». Il ne s'agit pas de trouver des excuses, ça non, mais plutôt de comprendre comment ça marche.  Car je crois fermement que les burundais ne sont pas « individualistes » par nature, et que le jour où la chose publique bénéficiera à tous, ils se révéleront tout à coup beaucoup mieux disposés à son égard.

    L'autre critique que j'ai souvent entendu, et qui va dans le même sens, est que les burundais sont totalement attentistes. Si je dois admettre que le sens de l'initiative n'est pas tout à fait leur fort, il convient de se demander ce qui explique ce comportement relativement généralisé. De fait, le Burundi est un pays encore très rural (90% de la population), y compris en ville où beaucoup de citadins sont nés dans les collines. Or le propre de ces sociétés rurales assez conservatrices demeure la primauté du groupe sur l'individu, l'obéissance aveugle due au chef de famille ou de village, le respect pour les savoirs ancestraux, etc. Bref, rien qui ne pousse franchement à prendre des initiatives ! Contrairement à ce que l'on apprend aux petits français sur l'importance de se démarquer, de faire de son mieux, de chercher à aller toujours plus loin, les petits burundais sont invités dès le plus jeune âge à être discrets, à se fondre dans la masse et à ne surtout pas vouloir sortir la tête au-dessus de celle des autres au risque qu'on la leur coupe ! Ici, la rareté des opportunités fait que la réussite attire bien plus d'envie que d'admiration, et il ne fait pas bon être l'objet de jalousies dans un pays où l'on trouve facilement une grenade pour un dollar ou une fiole de poison pour moins que ça. Ne croyez pas que j'exagère.

    Sortis de ce contexte qui ne les encourage nullement à faire des étincelles, les burundais – et je suis sûre que les expatriés qui me lisent partageront mon avis – ne sont pas plus attentistes que les autres, loin s'en faut ! J'ose même affirmer qu'en ce domaine, il existe déjà une différence très nette entre les jeunes de la campagne et ceux qui sont nés et ont grandi à Bujumbura. Finalement, je crois que l'avenir nous réserve des jours meilleurs, et que la nouvelle génération qui se forme actuellement, plus urbanisée, plus ouverte sur le monde, plus éduquée et plus dynamique, sera à même de porter un profond changement de mentalités salvateur pour le Burundi.

jeudi 10 novembre 2011

HOME SWEET HOME IN BURUNDI


Ma vie quotidienne à la maison, j'aurais dû la raconter il y a bien longtemps. L'occasion ne s'était pas présentée...avant aujourd'hui !! Pour me rattraper, laissez-moi vous parler de ces multiples bonheurs et tracas qui font qu'on se sent si bien chez soi !

LA COLOCATION

La colocation, ce n'est pas facile tous les jours ! Une lapalissade me direz-vous ? C'est vrai, mais il faut avouer qu'au cœur de l'Afrique, cela prend une toute autre dimension.

Il faut d'abord compter avec le fait qu'ici, on ne choisit pas vraiment ses colocataires. En l'occurrence, à Ngozi, il y a une maison pour les professeurs volontaires de l'université où nous sommes tous tenus de vivre. Or autre lapalissade : on n'est pas tous fait pour vivre ensemble, même avec des gens qu'on apprécie beaucoup, surtout lorsque l'on vit, on sort et on travaille tous ensemble. Les relations deviennent tout de suite beaucoup plus (trop) intenses et il est difficile de trouver des espaces de décompression. C'est un peu LOFT STORY, avec les caméras et surtout la piscine en moins ! ;-)

De fait, même si les horaires de travail et de sortie (par la force des choses puisque la plupart des bars ferment à 22h) sont les mêmes, les colocs ne vivent pas nécessairement au même rythme. Essayer de vivre à la cool dans un maison où l'un des colocs est très pointilleux sur l'organisation ou l'hygiène n'est pas toujours aisé. Vice versa : l'insouciance des uns peut déranger l'hyperactivité et le perfectionnisme des autres, en particulier lorsque l'on n'a personne (ou presque) pour s'occuper de la maison.

LA DOMESTICITÉ

Les « grooms », parlons-en ! Chez nous, hormis le cuisinier – Pierre – qui vient 3 matins par semaine depuis 1 mois, nous n'avons que notre vieux « zamu » (gardien) Julien, qui vit à la maison et la garde du coup 24h/24h. Il s'occupe aussi du jardin, du ménage du sol dans la maison et de la lessive (on n'a pas de machine à laver le linge, bien entendu!) pour un salaire mensuel de 60 000 Bif (37 euros). Certains amis en provenance de l'Europe et qui sont passés par ici ont été troublés par les conditions de vie de ce pauvre monsieur d'un soixantaine d'année.

Pourtant, c'est bien Julien, père et grand-père, chef de famille, qui a souhaité venir s'installer à la maison – qu'il ne gardait auparavant que le jour – lorsque notre gardien de nuit est parti. Pour lui, c'était une aubaine : il doublait son salaire et n'avait plus à payer le loyer de la chambrette qu'il louait en centre-ville. Il est logé de façon très spartiate, c'est vrai, mais dans une bâtisse en dur, quand la plupart des gardiens ici sont logés dans des cabanes en roseaux ou en toile. Sans compter que les nouveaux colocs viennent de lui offrir une porte, qu'il jouit gratuitement de l'eau courante extérieure, et que depuis 1 mois et demi, on a installé l'électricité dans sa petite cahute (notez que 80% de la population burundaise n'a accès ni à l'électricité, ni à l'eau courante). Enfin, son salaire est très largement supérieur à celui des gardiens du voisinage (entre 15 et 30 000 Bif par mois maximum). Seules les compagnies de gardiennage paient parfois – pas toujours – plus.

Bref, malgré l'indignation de mes compatriotes, j'affirme sans honte que notre gardien est plus que convenablement traité. Le choyer davantage risquerait de lui attirer des jalousies, et de fait, beaucoup d'ennuis. Je dois aussi ajouter que plus les « bazungu » traitent beaucoup mieux leurs gardiens que les autres, sans se préoccuper de la façon dont les gens vivent ici, plus ils entretiennent cette idée que les blancs ont beaucoup d'argent, dont ils n'ont que faire, et que c'est bon de les faire banquer. Les Burundais ne sont pas fous : si les blancs paient systématiquement plus que les Burundais, ils n'iront plus se faire embaucher chez leurs compatriotes, ou ils demanderont plus cher à des familles qui n'auront pas les moyens de payer. Ceux qui n'auront pas trouvé leur place chez un blanc refuseront alors de travailler pour un salaire plus faible, et préféreront ne rien faire... Je crois que je n'ai jamais aussi bien compris l'adage « L'enfer est pavé de bonnes intentions » qu'avec la façon de traiter les gardiens ici au Burundi.

LA CUISINE

Le dernier aspect de la vie à la maison, c'est évidemment la nourriture ! Ceux qui me connaissent savent que c'est un loisir et un plaisir de tout premier ordre pour moi ! Si vous êtes un fidèle de ce blog, vous aurez déjà eu un aperçu de la gastronomie burundaise et de la diversité de l'offre de restauration ici à Ngozi. Alors vous aurez compris que l'envie d'aller au restaurant est moins pressante qu'à Bujumbura ou à Paris ! De même, si vous êtes pressé, mieux vaut éviter le resto, où il n'est pas rare d'attendre une heure (et jusqu'à une heure et demie) pour obtenir son plat.

Alors on se met à la cuisine ! Vous n'imaginez pas les progrès que j'ai fait dans ce domaine depuis que je suis arrivée au Burundi, c'est inouï : pancakes, gnocchis, dulce de leche, curry de poisson, etc. Je suis devenue une cuisinière hors pair (sans me vanter bien sûr!). Le seul problème, c'est que les marchandises peu diversifiées et les horaires d'ouverture restreints des kiosques à Ngozi oblige à un minimum d' « anticipation », au risque de se retrouver l'estomac vide à 22h parce qu'on n'a rien prévu pour dîner et que tout, restaurants y compris, est fermé.

Par ailleurs, ici, pas de plats préparés, ni même de chips ou de boîtes de conserve. Il faut tout (ou presque) acheter frais et tout cuisiner. La cuisine devient alors vite chronophage, alors même que certains soirs, en rentrant épuisés du travail, on n'a qu'une seule envie : se mettre en pyjama et déguster une blanquette de veau déjà préparée et rechauffée au micro-ondes et une soupe en brique, le tout devant un bon film. Voilà une situation qui vous transforme rapidement en véritable machine à planifier : les menus, les courses, les tâches ménagères...ça n'en finit plus ! C'est que cela semble la seule façon de préserver un peu son confort. Les anciens se sont déjà adaptés, mais les nouveaux venus ont tendance à se sentir un peu agressés par si peu d'improvisation.

Voilà, vous savez l'essentiel ! La vie à la maison, c'est pas tous les jours dimanche, mais on ne peut pas trop se plaindre non plus quand on vit dans un 200m2 avec un petit jardin plein de basilic et de menthe, une terrasse couverte, un hamac et un super transat ! Home sweet home !

dimanche 11 septembre 2011

READING AMAZING LITERATURE IN BURUNDI

Aujourd'hui, petit aparté littérature politique. Je viens de découvrir un auteur lumineux, Abelwahab Meddeb, penseur musulman, détracteur de Tariq Ramadan (notez qu'on connait bien plus que le second que le premier, comme quoi les médias français nous montent bien ce qu'ils veulent que l'on voit de l'islam  français) et qu'il me semblerait judicieux de lire (si vous souhaitez en savoir plus: http://fr.wikipedia.org/wiki/Abdelwahab_Meddeb). 

L'article analyse la difficulté d'acclimatation de l'islam dans le France d'aujourd'hui. C'est extraordinaire d'intelligence, j'espère que vous apprécierez. 
 
Ne pas jouer identité contre identité
Par Abdelwahab Meddeb

La place de l'islam dans l'Europe oblige à interroger à nouveaux frais quelques « invariants » de la culture européenne et de l'islam. La réussite politique est née en Europe de genèse chrétienne qui a assuré de manière spectaculaire la grande séparation entre la religion, la politique et le droit. Mais, dans l'islam, si la consubstantialité du politique et du religieux a longtemps été forte, elle n'en constitue pas moins une donnée qui peut ête déconstruite.

Je crois qu'en Europe, aujourd'hui, il faut abandonner tout autant l'idée de la religion vraie que celle du dialogue inter-religieux, inopérant, pour vivre « l'éthique de la substitution », se mettre à la place de l'autre. C'est une belle éthique parce qu'elle appartient aux trois traditions monothéistes. La tradition chrétienne, de Joseph de Maistre à Huysmans et Bloy, va compter avec Louis Massignon, un chrétien qui s'est vu dans le miroir de l'islam. Massignon sait en effet que la substitution est aussi un terme technique du soufisme. De même que de nombreux chrétiens, dans la tradition de Charles de Foucauld, vivent cette éthique de la substitution dans leurs rapports avec l'Islam. Lévinas, lecteur de Bloy, a été instruit de la substitution et en fait le concept fondateur de son éthique, en accordant une place essentielle à l'hospitalité, à l'étranger et à l'autre. Quand leur peur de disparaître et le repli identitaire menacent les trois traditions monothéistes, il est bon de rappeler les vertus de l'éthique de la substitution.

Le lit du fanatisme

Mais qu'est-ce que cela veut dire, concrètement, aujourd'hui, dans l'horizon d'une réflexion sur la place et la vocation de l'islam dans les sociétés européennes contemporaines ? Aujourd'hui, des musulmans français écrivent sur l'islam avec une volonté d'adapter leur « être-là » face à cet impossible qu'est censé représenter l'islam par rapport à leur culture et à leur vie dans la société française. Ils prônent un islam moderne, un « islam des Lumières » même si l'expression est galvaudée. Ils sont même en train de changer de catégories de pensée, et pas seulement en raison de leur appartenance à l'ère postcoloniale. Leur contribution dépouille l'orientalisme du soupçon politique. L'islamologie n'est plus une science orientaliste, mais une science internationale à laquelle participe de nombreux chercheurs d'origine musulmane. C'est un immense progrès. L'islam est une affaire européenne.

C'est aussi une affaire française. Mais quand les Français ont peur de l'islam, comme ces temps-ci, ils oublient que ce qui constitue la France, c'est une orthogonale où se croisent, dans les années 1940, l'Algérie et l'Allemagne. La question allemande a été réglée par l'Europe. La question algérienne travaille, en revanche, sourdement notre réel à travers la présence inquiète de l'islam. J'en veux pour preuve le rapport parlementaire de Tocqueville sur l'Algérie. Son mérite, tout colonialiste qu'il fût, est d'avoir pensé l'islam comme une question française. Dans son rapport, il explique que la France ne sait pas gérer l'islam car elle traite avec un personnel culturel musulman dont on pardonne l'ignorance en raison de son obéissance. Selon le diagnostic de Tocqueville, la France est en train de déshonorer les principes de 1789 en Algérie. Et il lance cet avertissement : une politique saine à l'égard de l'islam devrait être double ; elle devrait rappeler, d'abord, aux musulmans ignorants et amnésiques la complexité et la sophistication de leur tradition théologique ; les initier ensuite à une sorte de dispositif juridique pour les acclimater à l'esprit du droit français, en leur démontrant que l'adhésion à ce droit est conciliable avec leur foi. Or, tout au long de l'histoire du colonialisme, c'est le contraire qui a été prôné. Cette politique contribue fortement à l'inadaptation des musulmans d'aujourd'hui. Lors des émeutes de novembre 2005, nous avons beaucoup parlé des départements du 92 et du 93. Il est piquant que ces deux chiffres-là, précisément, aient désigné également, jusqu'en 1962, les départements d'Oran et de Constantine...

Tocqueville terminait d'ailleurs son rapport en notant que, en privilégiant l'ignorance et l'obéissance, on faisait le lit du fanatisme, et que le fanatisme, on ne savait ni ne pourrait le gérer. En France, en 2011, il n'est pas malin de continuer à jouer identité contre identité. Les identités sont mêlées, on n'a pas à situer l'identité française en confrontation avec l'identité islamique : c'est faire le jeu des lepénistes d'une part, des islamistes d'autre part, au moment où le printemps arabe n'a cessé de brouiller les frontières identitaires.

À lire : La Maladie de l'islam (Seuil)


Ma conclusion: les nationalistes européens et les islamistes wahabbistes partagent les mêmes convictions: l'islam est incompatible avec la modernité politique et sociale. Chaque partie crient à la guerre de conquête lancée par l'autre, et ils ne cessent de se donner mutuellement raison. Entre les deux, les musulmans modérés, en recherche identitaire, ne savent alors plus à quel saint se vouer. L'Europe a une responsabilité historique d'aider l'islam à évoluer, plutôt que de le contraindre à un repli identitaire qui finira par fracturer irrémédiablement ses sociétés.

Il faut être  clair: ou l'on assume le fait que l'Europe est devenue un terre de brassage culturel et on fait ce qu'il faut pour ce que ça marche; ou on fait comme les israéliens: on vire tous les arabes (même si ils sont ici chez eux) pour recréer une société homogène. Moi, j'ai choisi le projet de société qui me fait rêver! et vous?

mercredi 17 août 2011

EVERYTHING IS SECRET IN BURUNDI


« Ibanga » (le secret – en kirundi) est un mot clé pour comprendre la culture de ce petit pays de montagnes enclavé au coeur de l'Afrique qu'est le Burundi. Quant à moi, avant d'attérir ici, j'avais imaginé une culture exhubérante et extravertie. Je me souvenais du son des tamtams décrits par tant d'écrivains, ces tamtams de l'Afrique qui permettaient de diffuser les nouvelles plus vite que le vent.

Tout est très différent ici, tout du moins dans le principe. Le secret a ici un sens bien particulier. Il ne s'agit pas seulement de l'information, mais surtout des émotions. D'aucuns disent que les Barundis sont hypocrites et ne disent jamais ce qu'ils pensent vraiment, qu'ils approuvent tout en face et critiquent tout par derrière. La réalité est bien plus complexe.

Un petit exemple ? C'est très simple. Voyez les surnoms d'un grand nombre de partis politiques au Burundi : CNDD-FDD Abagumya-banga, UPD Zigami-banga, etc. Tous ces noms célèbrent « ceux qui savent garder le secret ». Curieux pour des partis politiques dont l'objet est tout de même de conquérir le pouvoir pour gouverner et donc gérer la chose publique. Alors que je demandais plus d'explications sur ce qui me paraissait une aberration incompréhensible, on m'a expliqué qu'il s'agissait moins de la capacité à savoir garder des secrets – qui pourtant, il est vrai, est une qualité indispensable pour obtenir le pouvoir et surtout le conserver – que de la qualité de savoir contenir et contrôler ses émotions et ne pas se laisser aller à des coups d'éclats. Voilà un principe de la pratique politique qu'un certain président de la République française en 2011 ferait bien d'étudier de plus près, n'est-ce pas ?!

De fait, la culture du secret, à l'inverse de ce qui s'observe aujourd'hui dans les sociétés occidentales, a une connotation très positive chez les Barundis. On raconte que le roi Mwezi Gisabo (fin XIXe siècle – début XXe siècle), alors qu'il était pourchassé par le colonisateur allemand, s'était réfugié sur une colline à quelques kilomètres de la capitale royale Muramvya. Les habitants de la colline cachèrent si habilement leur souverain que les Allemands y passèrent sans le trouver. En signe de reconnaissance pour avoir su « garder le secret » de sa présence parmi eux, Mwezi Gisabo accorda aux habitants l'honneur de pouvoir nommer leur colline « Banga ».

Aujourd'hui encore, un homme cherche à épouser une femme « discrète », qui n'ira pas crier sur tous les toits les problèmes du ménage ! Autre exemple : devant des invités, les enfants bien éduqués ne parlent de choses ménagères à leurs parents qu'à l'oreille. Une chose qui nous semblerait à nous d'une impolitesse inqualifiable !

À ce trait de caractère tout à fait typique des Barundis, on trouve bien certains avantages. Dans la rue, il est très facile de reprérer quelqu'un qui a trop bu à plusieurs mètres de distance : c'est le seul qui crie en se tordant de rire et en faisant de grands gestes ! Mais surtout, l'obsession de fuir les conflits limite considérablement les crises personnelles dans le travail, l'ambiance y est presque toujours assez bon enfant grâce à l'incroyable faculté (dont nous avions déjà parlé) des Barundis à rire de tout.

Cependant, la liste des inconvénients reste à mon avis plus longue que la précédente. De fait, dans les relations de travail comme dans la vie privée, il est très difficile d'obtenir des critiques franches, ce qui rend parfois la progression professionnelle et/ ou personnelle assez difficile. On se sent souvent livré à soi-même ! De plus, le sceau du secret qui s'appose peu ou prou sur toutes les conversations a tendance à créer d'insurmontables obstacles à la circulation de l'information. D'où de terribles pertes de temps à chercher une information, des doublons, des projets qui restent en suspens plusieurs semaines parce qu'on ignore que certaines décisions ont été prises, etc. Bref, une culture du secret qui ne facilite pas la communication et me semble être un frein culturel d'importance pour le développement du pays.

mercredi 3 août 2011

TRADITION AND MODERNITY IN BURUNDI


La tension latente que l'on sent entre tradition et modernité au Burundi semble refléter une tension commune à la plupart des cultures africaines. En effet, avec la décolonisation, la tradition est devenue ce rempart infranchissable contre l'acculturation par la culture dominante de l'ancien colonisateur. Elle a été défendue en bloc, sans distinction, au nom du relativisme culturel, nouvel excès idéologique qui a succédé à la hiérarchie des civilisations et au drawinisme culturel.

Mon boulot de professeur d'université a cela de passionant qu'il me met en permanence au contact des individus les plus concernés par cette tension : les jeunes ! De fait, à chaque débat avec mes étudiants sur des questions de société tel que « faut-il légaliser la prostitution? » ou « faut-il dépénaliser l'homosexualité ? (pénalisée au Burundi depuis la réforme du code pénal de 2009), l'argument du respect de la coutume burundaise surgit immanquablement.

Ces jeunes, contrairement à ceux de chez nous, ne trouvent rien de « cool » à se rebeller contre la tradition et les coutumes de leurs parents. Au contraire, plus vous vous conformez à ces règles sociales, plus vous attirerez l'admiration et la sympathie de vos camarades et de la société toute entière. Drôle de schéma par rapport à la jeunesse occidentale ! Ici, les jeunes aiment à entretenir la tradition. J'en veux pour preuve l'engouement de nombre d'entre eux pour l'art des tambourinaires ou pour les danses traditionnelles. Chaque université a sa troupe de joueurs de tambours et son club de danse.

La société dans son ensemble valorise davantage la sagesse de l'âge que l'innovation portée par la jeunesse. Être jeune, c'est être immature, voleur, menteur. Il faut entendre mes collègues parler des étudiants, à qui on ne peut rien confier, ou encore ma propriétaire vanter les mérites d'avoir un gardien d'un certain âge, les plus jeunes ayant une fâcheuse tendance à vider vos tiroirs. Voilà qui en dit long sur le conservatisme social et culturel de la société burundaise !

C'est un aspect de la culture de ce pays qui ne m'était pas apparu à priori de façon cohérente, mais au fur à mesure, je ne peux m'empêcher de voir toutes les pièces du puzzle s'assembler. En me penchant plus sérieusement sur la question, une évidence m'est apparue : l'Afrique n'a pas connu sa révolution « libertaire », son « mai 68 », son printemps de la jeunesse. Ici, les changements viennent d'en haut. Rares sont les jeunes qui se sentent la capacité ou même la légitimité pour prendre des initatives révolutionnaires. À mon avis, cette défiance vis-à-vis de la jeunesse – alors même qu'elle représente plus de 40% de la population – et des nouveautés qu'elle pourrait porter explique en partie l'inertie sociale de la société burundaise en particulier, et des sociétés africaines en général. Ça et le poids prépondérant d'une religion de la vieille école – catholique et protestante au Burundi, islamique ailleurs.

Pourtant, l'aspiration à la modernité est bien présente, il n'y a aucun doute là-dessus. D'abord parce que, même si la plupart des jeunes agissent en accord avec les coutumes, certains ne se privent pourtant pas de commentaires pour dénoncer des pratiques d'un autre temps – comme celle de chasser une fille-mère de la maison avec son enfant. Ensuite parce que la généralisation progressive de l'accès aux Nouvelles technologies de l'information et de la communication fait l'unanimité chez les burundais : vive les portables, les ordinateurs, l'internet et la télévision ! Enfin, parce qu'entre rejet et fascination, la culuture dominante – désormais américaine – a largement pénétré les pratiques culturelles de la jeunesse urbaine, notamment au travers du cinéma, de la musique et de la danse.

La tension qui résulte de cette double aspiration – au respect des coutumes et à l'entrée dans la modernité – n'est pas toujours source de conflit et produit parfois des effets aussi originauxque plaisants ! L'exemple que j'ai en tête est celui qui m'a poussé à écrire ce billet : une soirée dans une boîte en plein air à Bujumbura – le Kibira Bar pour ceux qui connaissent – où des démonstrations de danses traditionnelles sur des airs tout ce qu'il y a de contemporains alternaient avec des performances de hip hop et de salsa acrobatique ! Il reste à souhaiter qu'à l'image des discothèques de la capitale, la société burundaise, dans cette lutte silencieuse entre tradition et modernité, saura garder le meilleur des deux!

lundi 1 août 2011

BEING A YOUNG FRENCH LIBERAL IN 2011 IN BURUNDI

« Il n’est que 11 heures et j’ai déjà mal au cœur ». C’est la pensée qui m’est venu à l’esprit lorsque j’ai découvert, horrifiée et avec un peu de retard, ce qui s’était passé à Oslo le 25 juillet 2011. Les attentats de Norvège et leur origine m’ont noué l’estomac. J’avais la gorge serrée comme en relisant l’histoire de l’Allemagne, en arrivant au chapitre de l’accession d’Hitler au pouvoir, et en y voyant déjà se profiler les chambres à gaz de 1943. Comment ne pas trouver terrifiantes les allures d’antisémitisme du début du XXème siècle que revêt l’anti-islamisme de ce jeune fasciste de la vieille école, qui s’est vraisemblablement trompé de siècle ? Comment ne pas voir dans le génocide des musulmans qu’il planifie pour 2083 des allures de « solution finale » qui font froid dans le dos? Comment ne pas avoir l’impression désagréable que l’histoire se répète dans ses aspects les plus sombres?
Pour ma part, j’ai ressenti cette même angoisse anticipatrice, ce même effroi face à l’oracle de Cassandre, face à ce qu’on ne voit pas encore et qui, pourtant, va inéluctablement arriver. Cet acte fou – et pourtant inspiré par le plus grand pragmatisme, au regard du manifeste particulièrement structuré qui l’annonce et l’explique – laisse entrevoir les conséquences à moyen terme des politiques de plus en plus paranoïaques dont nous abreuvent quotidiennement nos politiciens.
Cet acte, qui relève encore – Dieu merci – de l’exception, n’a pourtant pas produit, en particulier chez les élites politiques de la droite européenne, un véritable effet de surprise et d’incompréhension. Je dirais même plus que c’était comme si ce meurtre de masse avait suscité franchement plus de rejet de par ses conséquences que de par ses motivations. Si tant est que je doive prouver cette impression, il suffirait d’écouter le commentaire de M. Jacques Coutela, candidat du Front National aux cantonales de mars dans l'Yonne, ou même celle de Jean-Marie le Pen lui-même, sur le sujet. http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/07/31/aubry-condamne-les-propos-de-jean-marie-le-pen-sur-oslo_1554642_823448.html#ens_id=1554589
Or, si l’on se doit de condamner sans hésitation ce massacre sadique qui reflète un mépris intolérable pour la vie humaine, il convient de se pencher de toute urgence sur les motifs de tant de cruauté, motifs qui ont toute l’apparence de la plus grande rationalité. Pardonnez mon impudence, de parler d’un manifeste de plus de 1500 pages dont je n’ai lu qu’un bref résumé, mais si j’ai bien compris le principe, ce double attentat avait pour objectif d’éveiller les consciences et de lancer un grand plan de lutte contre « le génocide culturel européen » et « l’émasculation du mâle européen », en combattant par TOUS les moyens « l’islamisation et la féminisation de l’Europe » . Force est de constater que ces objectifs résonnent à mes oreilles d’historienne comme d’effrayants rappels de l’idéologie fasciste dont on sait ce qu’elle a conduit certains hommes à faire à d’autres hommes au siècle dernier, portant un sérieux coup à l’idée qu’on se faisait de la notion d’humanité.
D’aucuns diront que cette idéologie néo-fasciste n’est que le fait d’une très petite minorité, certes bruyante, mais qui ne reflète nullement l’opinion du plus grand nombre. Moi, je constate seulement que depuis 10 ans, les citoyens européens usent de leur droit de vote pour donner de plus en plus de poids politique aux extrêmes droites nationalistes, protectionnistes, corporatistes, et franchement un peu racistes. Je constate aussi que les droites libérales et démocrates européennes, derrière des sermons pro-européen et pro-mondialisation qu’elles vont dispenser de par le monde, adhèrent de plus en plus à ces idées de fermeture et d’isolationnisme et sont par exemple prêtes aujourd’hui à revenir sur les conditions de libre circulation des personnes au sein de l’espace Schengen.
Je constate enfin l’atmosphère de défiance et de pessimisme qui ne cesse de s’aggraver depuis quelques années dans de nombreux pays européens, et les mesures stériles mais très symboliques que les gouvernements prennent pour apaiser les peurs qu’ils alimentent eux-mêmes chez leurs concitoyens. J’en veux pour preuve l’attitude du gouvernement français, d'abord avec le discours de Genroble en 2010 : http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/07/30/ce-que-nicolas-sarkozy-a-fait-du-discours-de-grenoble_1553877_823448.html . Aujourd'hui, alors que l'UMP était arrivé au pouvoir avec un discours de lutte contre l’immigration illégale, le gourvernement annonce son intention de lutter contre l’immigration légale – conduisant par là-même – volontairement ? – à un amalgame extrêmement dangereux entre immigration et illégalité – par des mesures de limitation des emplois accessibles aux immigrés, au nom de la lutte contre le chômage. Or les visas de travail en France ne concernent que 20.000 personnes par an, le nombre d’emplois libérés par ses mesures chaque année sur l’ensemble du territoire français ne serait que de 10 à 12 000, tandis que le nombre de demandeurs d’emplois déclarés a depuis longtemps dépassé les 3 millions http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0201525732942-gueant-reduit-de-moitie-la-liste-des-metiers-ouverts-aux-etrangers-197734.php Autant dire ce que ces mesures ont autant d’effet que de pisser dans un violon.
Alors pourquoi le gouvernement se donne-t-il la peine de les prendre et surtout de les médiatiser à ce point ? Vraisemblablement pour le symbole, pour le message qu’elles renvoient aux concitoyens et aux candidats à l’immigration: « on ne veut plus d’immigrés chez nous ». Pourquoi ? Officiellement, pour donner de l’emploi aux français. Or vous avez constaté, comme moi, la profondeur de l’impact de ces mesures sur la lutte contre le chômage. Par ailleurs, permettez-moi de souligner ici l’incohérence idéologique de ces mesures, et par extension, du positionnement des deux grandes tendances politiques françaises en matière d’immigration. Explications : alors que la théorie socialiste de la lutte contre le chômage passe par le partage de l’emploi disponible (voir les principes qui ont prévalu à la mise en place des 35 heures et qui justifient aujourd’hui une lutte acharnée contre les heures supplémentaires), la gauche française a bien du mal à se positionner sur une politique migratoire cohérente, autrement dit qui devrait limiter l’immigration par le travail pour éviter de voir plus de candidats à l’emploi se partager le même gâteau. De l’autre côté, la théorie libérale de la relance économique s’appuie sur le fait que le travail des uns génère du travail pour les autres et que la création d’emplois est exponentielle. C’est bien pour cela que la droite française devrait être aux avant-postes pour défendre l’immigration par le travail, puisque le travail des immigrés génère théoriquement du travail pour les autres, y compris les français. Et pourtant …
Alors encore une fois : pourquoi ces mesures inutiles mais si chargées de sens ? Il semble qu’il s’agisse bien plus d’une tentative de préserver notre culture d’attaques imaginaires lancées par des ennemis extérieurs qui tenteraient par tous les moyens de nous atteindre de l’intérieur – ce genre d’exercices ne vous rappelle rien ? Il suffit de se pencher sur le débat – aux relents de nationalisme du plus bas étage – sur la suppression de la bi-nationalité. Après avoir dit en passant que cette mesure irait à l’encontre totale de la tendance mondiale d’acceptation de la bi-nationalité, et ramènerait la France au niveau de pays en développement comme la Tanzanie en matière de politique de naturalisation, je veux aussi souligner l’aberration du principe qui motive cette mesure : on serait moins patriote en ayant deux nationalités ? M. Sarkozy aurait-il oublié d’où vient son père ? Et si moi, je veux prendre la nationalité burundaise pour pouvoir y travailler plus facilement et pour témoigner de mon attachement et de mon engagement au service de ce pays, devrais-je donc renoncer à ma nationalité française ?
Vous voulez que je vous dise ? Je me suis toujours sentie très fière d’être française, fière de ma culture, de ma langue, de l’histoire de mon pays, de sa richesse politique et intellectuelle, de sa tradition d’accueil et de promotion des droits humains, etc. Pour moi, être française, c’est témoigner en paroles et en actes de ce que la France a de meilleur. Ces derniers temps, je dois avouer que ça devient de plus en plus difficile d’en tirer une quelconque fierté … Vous croyez que je mérite qu’on me retire ma nationalité pour cela, ou parce que je songe à prendre celle de mon pays d’adoption ? Vous croyez que je suis victime de la dilution de ma culture ? De l’immigration, de l’islamisation, de la féminisation et du multiculturalisme européens qui m’obscurcissent l’esprit?
Je finirai ce manifeste antifasciste et cet appel à l’humanisme et à l’apaisement social par une prière, que j’adresse à ceux qui nous dirigent : rendez-moi à nouveau fière d’être française, d’être européenne !! Cessez donc de prendre des mesures à la con qui nous coûtent cher, qui ne nous rapportent rien, qui créent un climat délétère de méfiance vis-à-vis de l’étranger – qui par ailleurs n’en est pas toujours un, même s’il en a l’air, hein – et sur lesquelles il faudra de toute façon revenir d’ici 10 ans pour rétablir l’équilibre démographique entre les non-actifs et les actifs qui vont payer pour leur retraite ou leur assurance chômage. Redonnez-donc à l’Europe en général et à la France en particulier, un vrai projet de société, cohérent avec les discours d’ouverture et d’intégration – humaines et économiques – qui ont animé la construction européenne et certains aspects de la mondialisation, cohérent de manière interne et surtout, qui laisse augurer un avenir paisible, rassurant et enthousiasmant !
En vous remerciant,
Cordialement,
Une citoyenne du monde en colère