dimanche 16 mai 2010

BEING A VOLUNTEER IN BURUNDI

Mon cas est un peu particulier. J'ai passé 25 ans de ma vie dans la même ville (ou presque): j'y ai établi une immense partie de mon réseau socio-affectif, j'y ai réglé mon rythme de vie, j'y ai construit mon identité socio-intellectuelle, bref j'y avais fait mon trou. Et voilà qu'un beau matin, je décide de partir en coopé, pour 2 ans, loin de tout ça. A posteriori, je ne sais pas si je me rendais bien compte de tout ce à quoi cela m'engageait.

Voilà le 1er bilan que je peux tirer après 7 mois à Ngozi. On peut faire son trou partout, il suffit de faire preuve d'un peu de bonne volonté et de beaucoup de culot, on trouve forcément au moins une personne, souvent plus, qui se porte inconsciemment volontaire pour nous servir de nouveau repère affectif. Je n'échappe pas à la règle: au-delà de la relation plutôt chaleureuse que j'entretiens avec mes collègues, je crois pouvoir dire que je me suis fait quelques amis ici, de vrais amis. Ce petit monde me plaît, je me suis laissée intégrer à l'équilibre des forces qui le régissent et je m'y sens enfin non indispensable mais irremplaçable. J'y ai reconstruit un réseau, un rythme de vie, une identité, bref un petit trou.

Comme dans le trou pécédent, il y a ici des choses que me font vibrer, des gens, des évènements, des sentiments dont je sens qu'ils sont fondamentaux dans ma vie. Qui me connait un peu sait que c'est le genre de choses que j'ai du mal à garder pour moi et que j'ai plutôt une envie débordante de partager avec ceux que j'aime.

C'est alors que le Burundi me paraît si loin, ou la France, je ne sais pas trop. Ce n'est pas l'impression d'avoir radicalement changé ou de mener une double vie. Non, c'est plutôt le sentiment de vivre deux vies distinctes, presque complètement imperméables l'une à l'autre. Cette sensation, dont je m'accommode la plupart du temps, devient parfois infiniment frustrante quand je réalise que cette étanchéité est partie pour durer.

Enfin il existe bien une sorte de solution qui, à défaut d'effacer durablement la distance, pourrait la réduire temporairement. Je sais que ce n'est pas facile de trouver le bon moment, que la saison climatique et politique n'est pas très favorable en ce moment, que c'est coûteux et peu accessible, que ce n'est pas forcément aussi excitant que la Chine ou la Réunion au premier abord, etc., mais je rêve de vous faire découvrir ce pays, ces gens, ces émotions qui constituent une partie de ma vie que les mots, les mails et les billets sur ce blog ne vous font qu'apercevoir. J'aimerais tant que mes amis d'ici vous connaissent aussi et mettent des visages et des sourires sur les noms que je ne cesse de leur rabacher. En un mot, je souhaiterais que ces deux rives d'un même fleuve se rapprochent un peu...