lundi 23 novembre 2009

PRETTY LANDSCAPE IN BURUNDI

A défaut de photos – qui sont décidemment impossibles à charger avec la connectivité internet de l'université! – laissez-moi faire montre de mes talents littéraires, dignes d'un Balzac, à n'en pas douter, pour vous décrire les charmants paysages du Burundi (j'en profite pour tester la présentation du futur guide touristique que je compte publier sur le pays d'ici quelques mois, car rappelez-vous que mon défi est de faire doubler le nombre de touristes au Burundi d'ici à deux ans! Et je compte évidemment sur vous pour m'y aider!).

Avant toutes choses, il me faut vous parler des couleurs. Je vous l'avez déjà écrit lors de mon premier billet, le Burundi est un pays en rouge et vert, à l'image de son drapeau. Plus précisemment, il faut s'imaginer une terre rouge lie-de-vin, que saupoudre le vert tendre des feuilles de bananiers et des plants de haricots.

Le Burundi, avec ses 360 habitants (ou à peu près) au kilomètre carré malgré un taux d'urbanisation d'environ 20%, est le pays le plus densément peuplé d'Afrique. Cette densité a évidemment des conséquences très visibles sur le paysage, au premier rang desquelles la très faible présence de forêt. Presque chaque centimètre carré du pays est exploité par l'homme: quelques centaines de kilomètres de routes et de pistes, quelques dizaines d'autres occupés par l'espace urbain en expansion, et le reste entièrement cultivé. Les cultures les plus caractéristiques ici sont sans aucun doute les plantations de café (50% du montant des exportations, mais une denrée rare ici, que très peu de Burundais consomment), les champs de bananiers et de haricots ( les 2 éléments de base de l'alimentation). S'y ajoutent par-ci par-là quelques plants d'eucalyptus, dont la couleur plus métallisée donne parfois au paysage des allures de science fiction. La nature « sauvage » qui a tant fait pour la réputation du tourisme en Afrique, n'a pas sa place dans un petit pays comme le Burundi, où la terre nourricière est un bien trop précieux. Dès lors la campagne burundaise prend parfois des airs de campagne aveyronnaise (vous allez dire que c'est obsessionnel chez moi!), avec son atmosphère tranquille, son relief valloné et sa surface partout maîtrisée. Mais la ressemblance s'arrête là, notamment en raison de l'habitat qui parsème les paysages ruraux burundais, avec ses maisons en terre rouge, aux toits de chaume ou de tôles, dont les façades sont souvent garnies de rangs de haricots séchant au soleil,

Par ailleurs, la disparition progressive de la forêt au Burundi a connu une accélération certaine avec la fin de la guerre civile. Les rebels ayant pris l'habitude de se réfugier dans les zones de forêt dense, l'effort de sécurisation du pays a conduit à une déforestation massive. Aujourd'hui encore, même si cela semble un détail, on déracine les haies qui cernaient autrefois les maisons coloniales, pour construire des murs de briques, couronnés de fils de fer barbelés ou de simples tessons de bouteilles coulés dans le ciment, et jugés plus fiables pour se protéger des intrus.

Cette déforestation à grande échelle a elle-même eu pour conséquences l'aggravation de l'érosion des collines et la dégradation des routes et pistes, ravinées par les pluis battantes qui s'abattent sur le pays lors de la saison des pluies. Autant vous dire que notre vieux char soviétique (dont je tâcherai de mettre une photo en ligne, parce que ça vaut franchement le détour), avec ses chambres-à-air couvertes de 7 à 8 rustines en moyenne, souffre le martyr! Les types du garage nous aiment déjà!

Une autre conséquence, notable dans les assiettes cette fois, est l'abandon presque total de la pratique de la chasse. En effet, avec la disparition de leur habitat naturel, ce sont des centaines d'espèces animales qui ont déserté le pays. Je sais qu'avec ce dernier détail, je compromets fortement les chances de visite de mes parents chéris, mais heureusement, la Tanzanie voisine recèle des merveilles en la matière!

J'espère que ces quelques détails vous auront donné envie de venir découvrir les paysages pittoresques du Burundi!

vendredi 20 novembre 2009

INVITE ME IN BURUNDI

Les Burundais ont une notion très particulière de l'invitation Lorsque l'on « invite » quelqu'un, à boire une bière, à dîner, à partir en week-end, celui qui invite a le devoir absolu de tout prendre en charge, notamment au niveau financier. L'exemple le plus significatif: on ne partage jamais une addition ici, sauf très rarement au cabaret (= bar – rien à voir avec le Lido, ne vous faites pas d'illusion!) lorsque l'un se charge de payer les boissons et l'autre les brochettes.

Ce sens très aigü de l'invitation donne évidemment lieu à quelques quiproquos – pas insupportables mais un peu lassants à la longue – lorsque la muzungu non initiée que je suis, habituée à proposer régulièrement à ses amis et collègues d'aller boire un coup après le travail, (je vois d'ici votre hochement de tête approbateur!) se retrouve à devoir payer systématiquement l'addition. Au début, avec la bière à 60 centimes d'euros (les 75 centilitres bien sûr! Ici, le demi n'existe pour ainsi dire pas: il y a bien l'Amstel Bock – sorte de bière d'abbaye – en 33 cl, mais la coutume veut qu'on en commande toujours 2!), on se laisse griser. Mais au fur et à mesure, lorsqu'on vient à être toujours celui qui règle la facture (ce quelqu'un inclut aussi Maxi et Laura), on commence à se poser des questions. La première qui nous vient à l'esprit a souvent trait à notre statut de bazungu (qui à l'origine veut dire « ceux qui ont de l'argent »). Nous prennent-ils donc pour des vaches à lait parce que nous sommes blancs?

C'est là que l'on se rend compte de nos mauvais réflexes! Car non, cela n'a en fait que peu à voir avec notre condition de bazungu, mais bien avec cette fameuse coutume de l'invitation. Ce que nous ne savions pas, c'est que celui qui propose est considéré comme celui qui invite! C'est aussi, à mon avis, ce qui explique pourquoi les Burundais prennent assez peu l'initiative de nous proposer de sortir. Il faut dire aussi que nous avons (ou avions, car avec le début des cours, il va falloir ralentir un peu la cadence!) un rythme de vie très différent du leur, en sortant presque tous les soirs.

Cela étant, ce constat doit être nuancé, car certains Burundais ont l'initiative facile quand il s'agit de nous demander de les inviter ;-). Même si je suis sûre qu'il s'agit d'une habitude bien d'ici, je crois aussi que ces demandes fusent plus facilement parce que nous sommes bazungus. Là, deux solutions: soit rire un bon coup et répondre « ejo » (plus tard/ un jour), soit accéder à la demande, juste pour cette fois, en espérant recevoir la pareille un de ces jours!

Notre prochain défi sera donc d'apprendre comment proposer sans avoir l'air d'inviter. Une tâche longue et complexe, qui sera certainement l'occasion de nombreux échecs, que la bière payée viendra heureusement apaiser ;-)

lundi 9 novembre 2009

Ngozi's Anatomy E02S01

D'abord très surpris l'un comme l'autre de la bonne tournure que prenaient les évènements, Laura et Maximo ont fini par admettre qu'ils se trouvaient très bien ensemble. Alors que Laura vient mettre un peu de piquant dans la vie sentimentale jusqu'ici plutôt raisonnable de Maxi, ce dernier ne cesse de surprendre Laura par ses délicates attentions. Pendant ce temps, Maria flirte toujours!


Evidemment, le bonheur des uns faisant le malheur des autres, Amidou, le soupirant de Laura, pourtant réputé pour avoir été un coureur de haut vol (Nunguka), s'est trouvé fort attristé lorsqu'il a découvert la relation que celle-ci entretenait avec Maximo. Jusqu'ici toujours près à faire les 400 coups avec Laura, il a préféré prendre ses distances quelques jours, le temps de se consoler avec une de ses amies, la charmante Jeanne.


Heureusement, après ces quelques jours de tension et les précieux conseils dispensés par Maria (autour d'une Amstel, ça passe toujours mieux), la situation est rentrée dans l'odre. La désormais célébrissime équipe « AmiNe (Ami de Amidou, Ne de Nena) » a refait des siennes, notamment en introduisant une chèvre (vivante bien sûr) dans la collocation. L'animal, qui répond au doux nom de Viernes, squatte le jardin de la maison, en attendant d'être dégustée en brochettes ce vendredi (d'où son nom), à l'occasion de la célébration de la soutenance de mémoire d'une amie de l'université. Mais la transformation de la maison en « ferme des animaux à l'agonie » ne faisait que commencer.


En effet, pour consoler Maria, très affectée par le sort réservé à Viernes, Laura a très gentiment décidé de compenser cette perte tragique en prenant un animal domestique. Elle a donc dégoté un adorable petit lapin au marché, qu'elle a nommé Gustavo, en l'honneur du célébère crocodile mangeur d'hommes qui sévissait au Burundi dans les années 80-90. Or, après un bon petit nettoyage de rigueur, Gustavo s'est presque littéralement décomposé, et après quelques heures, a finalement rendu l'âme. Qui a dit qu'un bain n'a jamais tué personne! Cette disparition foudroyante a rappelé avec émotion à Maria les heures de gloire de sa soeur Gersende, autrefois grande prêtresse des sacrifices animaliers (cochon d'inde tombé du piano ou grillé au soleil, poissons rouges congelés, canard éborgné, etc.). Les déboires de la méningerie ne s'arrête évidemment pas là: le lendemain du décès de Gustavo, Gabriel, le gardien de nuit, a apporté un coq à la maison, baptisé Francesco, qui finira sans doute en bouillon aux alentours de Noël. Enfin, la cerise sur le gâteau: un petit rat a fait son arrivée à la maison, grignottant allègrement nos repas. Il a donc bien fallu se débarrasser de cet indésirable visiteur, qui a tristement fini la tête dans une tapette.


Quel autre animal tombera sous le coup de la malédiction de la «maison des animaux à l'agonie»? Maria survivra-t-elle a une autre perte ou tentera-t-elle d'aider Francesco le coq à échapper à son terrible destin? La relation de Laura et Maximo sera-t-elle assez forte pour endurer cette nouvelle épreuve? Qu'adviendra-t-il de l'amour naissant entre Jeanne et Amidou? Vous le saurez en lisant le prochain épisode de Ngozi's Anatomy.

BE A LADY IN BURUNDI

Depuis quelques semaines, je me pose souvent la question: fait-il bon ou non être une femme au Burundi? Cette question ne me concerne pas directement car avant d'être femme, je suis d'abord muzungu ici, ce qui me met naturellement à l'écart des contraintes sociales applicables aux femmes burundaises. C'est la loi de la double morale. On emmène les bazungu dans des endroits (notamment en boîte, où il y a 5 filles pour 60 garçons) où l'on emmènerait jamais sa soeur.

Bien sûr, comme me le faisait remarquer le père d'un ami, ici une femme peut étudier, et retrouver ses amis, y compris hommes, dans un cabaret pour partager une bière, à l'inverse de ce qui se passe dans certains autres pays. De fait, les burundaises sont relativement libres de leurs mouvements (avant 20h), beaucoup tiennent des commerces, certaines des cabarets – notamment Persil (oui, oui, c'est bien son nom!), la tollière de notre bar péféré, qui fait les meilleurs brochettes de chèvre de Ngozi! Elles travaillent en réalité plus que les hommes, car en plus de leur activité lucrative quand elles en ont une, ce sont elles qui tiennent le foyer. En effet, dans la culture burundaise, comme dans beaucoup de cultures africaines, la maison est le domaine du féminin. L'homme y est comme un visiteur: autrement dit, il n'y fait rien, surtout pas la cuisine! Même si l'on croise souvent des hommes qui aident leur épouse à éplucher les pommes de terre ou écosser les haricots, cela se passe toujours en dehors des 4 murs de la maison.

D'un point de vue social, les femmes n'ont en général pas de statut propre, elles héritent de celui de leur père puis de leur mari. Car ici la question ne se pose pas: une femme sans mari, c'est une femme dont personne ne veut. Donc toutes les femmes descentes doivent se marier, au risque de tomber dans la prostitution. Pour être juste, il faut quand même dire qu'un homme seul est aussi assez mal vu, même s'il est facilement admis qu'il se marie tard, surtout lorsqu'il est instruit. En revanche, l'égalité s'arrête lorsqu'il s'agit d'adultère: si l'infidélité de l'homme, très fréquente, est plus que tolérée, celle de la femme est évidemment inacceptable. Le simple fait, pour une femme , même simplement en couple, de prendre un verre seule avec un autre homme que son conjoint, est inimaginable.

Ce statut socialement inférieur est confirmé par la législation: non seulement il est tout à fait normal que les filles n'héritent rien de leur père, puisqu'elles bénéficieront des biens hérités par leur mari, mais elles n'ont surtout pas d'autorité parentale sur leurs enfants, et n'ont pas non plus le droit à l'initiative pour demander le divorce. Enfin, le catholicisme faisant loi au Burundi, l'avortement est évidemment interdit (comme dans 95% des pays du monde en même temps) et passible d'une peine de prison.

Mais le plus déroutant dans tout cela, c'est que les femmes burundaises, exception faite de celles qui ont étudié, semblent se satisfaire de leur sort. Pour la non-féministe peu convaincue que je suis, cela pose évidemment un certain nombre de questions: ces femmes sont-elles bien conscientes de leurs droits? Si non, cherchent-elles à les connaître et à les faire valoir? Si oui, refusent-elles sciemment l'indépendance? Les hommes, en tout cas, défendent l'idée que leurs femmes sont libres dans la mesure de leurs capacités, et demandent souvent: « plus de liberté pour les femmes, pour faire quoi? ».

De fait, je crois que très peu de femmes burundaises souhaitent pouvoir vivre sans mari. Pour tous les Burundais, la famille est l'élément central de la vie social, même si les relations en son sein n'y sont pas toujours très affectueuses. Mais c'est surtout l'espace de reconnaissance sociale attitré de la femme. En effet, ici la valeur d'une femme se mesure souvent au nombre et à la qualité des enfants qu'elle aura mis au monde. C'est une des raisons, avec son coût exhorbitant et sa faible disponibilité, qui expliquent que la contraception peine à s'installer dans les moeurs. De fait, si une femme n'a pas donné un enfant à son mari dans la première année de son mariage, il est de coutume que la belle-mère s'en mêle et vienne abreuver sa bru de conseils avisés! De même, lorsque l'on recontre des familles de moins de 4 enfants ou moins, il est très probable que l'un des deux parents soit décédé très tôt. Cela étant, la natalité, même si toujours galopante, a tendance à diminuer, notamment du fait de la récente législation qui interdit le travail des enfants, et fait donc drastiquement augmenté leur coût de prise en charge.

Ce qu'il faut quand même accordé aux cultures africaines de la région des Grands Lacs en général, c'est que, contrairement à l'Afrique de l'Ouest et à ses tristement célèbres pratiques d'excision, le plaisir féminin n'est pas tabou (s'il reste confiné dans les limites du mariage, bien entendu!). Un petit exemple assez curieux: au Rwanda, pour augmenter le plaisir des jeunes filles, leur mère allonge manuellement leur clitoris, et ce dès leur petite enfance. Du coup, les rwandaises ont ici la réputation de pouvoir uriner debout, comme les hommes!

mercredi 28 octobre 2009

BE AN EXPATRIATE IN BURUNDI

Très chers lecteurs,

Ce WE, nous sommes descendu (Maman, ne grincez pas des dents, ici c'est comme ça que ça se dit) à Bujumbura. Vendredi soir, grosse soirée d'expatriés chez Julien, ça faisait très bizarre de voir autant de blancs, et surtout de français, d'un coup! Comme le monde est minuscule, j'ai une fois de plus retrouvé des gens que je connaissais de sciences-po: un type que je croisais de temps en temps à l'Abbaye, et un rouquin plutôt beau gosse qui était en cours d'espagnol avec Tatiana et moi. «El mundo es un panuelo!». Nous sommes allés dormir chez Clémence, une des filles qui étaient venues à Ngozi avec Pauline pour la fête de l'université, et qui nous a gentiment hébergés et délicieusement nourris: salade verte, jambon de parme, fromage de chèvre, et même une tarte aux fraises! Que du bonheur!

Pour nous 3, Maxi, Laura et moi, venus de notre campagne profonde, ce WE a été l'occasion d'une brève plongée dans le «monde des expatriés», qui vivent décidemmentde façon très différente de nous. C'est assez difficile à expliquer: je crois que leurs revenus très élevés par rapport au niveau de vie ici et leur jeune âge pour assumer les responsabilités qui leur sont confiées par les ONG ou les Organisations internationales qui les emploient, leur confèrent un air de vieux décadents avant l'âge! Ce qui me faire dire cela? L'observation ethnographique des soirées «mondaines» du type de celle de vendredi soir. Les gens se retrouvent, artificiellement réunis par leurs origines nationales (même si j'y ai aussi fait la connaissance de quelques Burundais très sympas). On se croise entre gens passionnants, qui font tous des boulots hyper intéressants sur la réforme de l'éducation et de la justice, la protection de l'environnement et que sais-je encore (comme je l'ai déjà dit, ici il y a tout à faire). On se repère entre expatriés issus de bonne famille, parfois cathos, souvent jeunes diplômés d'une grande école, et expats un peu altermondialistes installés dans des zones reculées voire instables, souvent pour le compte d'une ONG (je caricature évidemment, mais il y a un peu de ça). Cependant l'affectif est très peu présent dans ces relations: on échange rarement les numéros de téléphone et, j'imagine pour faire face soi-même à la solitude et à la séparation d'avec ses proches, on s'épanche peu. Pour ma part, je crois qu'une fois de plus, j'ai eu de la chance! Avec Maxi et Laura, on s'entend tous les 3 vraiment bien et nous partageons beaucoup (finalement l'espagnol m'est aussi utile ici qu'en Amérique Latine!). Et avec Clémence, Pauline et Hélène, je n'ai pas du tout ressenti cette distance, au contraire! Elles sont vraiment très chouettes et ça fait beaucoup de bien de pouvoir échanger sur nos sentiments respectifs, en français, avec les bons mots pour désigner les bonnes choses!

Enfin, après les hots spots touristiques de rigueur – le «Musée vivant» de Bujumbura: littéralement 5 crocodiles, 2 chimpanzés, et une volière qui abrite une pintade et 2 oiseaux morts; et la plage, dont nous n'avons malheureusement profité que de nuit, mais qui promet de nous faire passer des week-ends dignes des Seychelles – nous sommes repartis dimanche midi, plutôt contents de «rentrer chez nous»! C'est que je commence à m'y faire à Ngozi, à me repérer, à savoir où aller acheter des bricoles sans se faire demander le triple du prix, à connaître les bars sympas, à croiser des gens que je connais dans la rue, etc.

Il reste bien sûr beaucoup de chose à établir pour me sentir «installée». Je ressens notamment un manque assez curieux d'engagement au service des gens. Finalement, je travaille à l'université comme n'importe quel professeur, soit devant mon ordinateur soit devant mes élèves, mais je n'ai plus mes petits clochards pour me détendre le jeudi soir. Du coup, au programme des prochaines semaines, j'aimerais me trouver une activité associative en dehors de l'université, pourquoi pas avec le centre d'accueil des enfants des rues (qui sont décidemment très nombreux ici).

mardi 27 octobre 2009

NGOZI'S ANATOMY E01S01

En exclusivité, voici le 1er épisode d'une série que je vais intituler «Ngozi's Anatomy», le nouveau feuilleton qui égayera votre hiver! Desperate Housewives et Sex and the City n'ont qu'à bien se tenir! Papa, maman et autres lecteurs à la recherche de nouvelles de qualité, passez votre chemin, ce post, conçu pour les inlassables lecteurs de Closer et Paris Match, ne vous intéressera guère.

Le décor: Ngozi, une petite ville de montagne située dans le Nord du Burundi. Quelques troquets, un ou deux hôtels-restaurants, une boîte de nuit et un marché central rudimentaire. Contre toute attente, on y trouve une université, qui vient de célébrer ses 10 ans d'existence.

Le scénario: 3 bazungu (blancs), 2 espagnols, Maxi et Laura, et une française, Maria, débarquent à Ngozi, comme professeurs à l'université, où ils resteront entre 3 mois (pour Maximo) et 2 ans (pour les autres). Ils s'installent tous les 3 en colloc dans une grande et belle maison, qui devient célèbre dans tout Ngozi!

Les personnages:
- Laura est barcelonaise, du célèbre quartier populaire El Clot. C'est un pilier de bar invétéré et une personnalité assez extravertie. Tout l'enthousiasme, surtout la bière burundaise, les pains en forme de crocodile et les enfants, qu'elle embrasse à tour de bras dans la rue!
- Maximo le madrilène est un peu plus calme. Informaticien, il est aussi un peu musicien et chante en permanence. Bon public, il rigole tout le temps, surtout aux blagues de Laura! C'est un globe-trotteur romantique.
- Enfin Maria, vous la connaissez déjà! Elle a du abandonné son nom (Max) au profit de Maximo, sinon les confusions seraient devenues intenables, et s'est vu attribuer ce nom d'emprunt par assimilation à la colloc hispanophone de Ngozi.

Episode 1er: Après plusieurs semaines à se tourner autour, Maxi et Laura ont enfin laissé libre cours à leur attirance mutuelle. Les premiers jours sont un peu cahotiques parce qu'il n'est jamais simple d'avoir une histoire avec son ou sa colloc, a fortiori quand en plus il/elle est aussi votre collègue et que par-dessus le marché, ni l'un ni l'autre ne veulent de « relation ». Pour pimenter le tout, chacun d'eux a un «prétendant secret»: Amidou, un de leurs élèves, le « senor satelite » de Ngozi, bricoleur et magouilleur, vraiment adorable et qui est un peu l'ange gardien du trio, fait du gringue à Laura, pendant que la jolie Odette, étudiante à l'université, et une excellente danseuse par ailleurs, s'est laissée charmer par Maxi. En tout cas, Maria est ravie, ça faisait 2 semaines qu'elle avait vu le truc venir, et qu'elle n'en pouvait plus de jouer subtilement l'entremetteuse (la Dondon Matrimonial Agency a ouvert une succursale au Burundi!!). Pour le moment, la relation en est au stade « sexfriend occasionnel », mais qui sait ce qu'il adviendra dans les prochaines semaines!

Maria pour sa part, a passé le cap des 14 nationalités ;-) ... La suite au prochain épisode!

lundi 19 octobre 2009

LOVE BABIES, BE IN BURUNDI

Ma première messe dominicale au Burundi fut une expérience assez hors du commun: deux heures de messe en Kirundi, dont je n'ai évidemment pas compris un traître mot, cernée de toute part par... des bébés. Ils étaient des milliers autour de moi, tous empaquetés dans le dos dans leur mère ou en train de têter le saint...euh le sein ;-). Ici, ça n'a rien de choquant, les femmes allaitent partout dans le rue, alors pourquoi pas sur les bancs d'une église! Du coup, j'ai occupé mes petites pauses entre deux prières par des gazouillis avec les petits, qui semblaient totalement fascinés par mon teint. L'autre jour, un petit garçon intrigué m'a même serré la main puis a regardé la sienne pour voir s'il restait du blanc dessus!

Cette fascination ne se manifeste pas toujours de façon aussi rigolotte. La plupart du temps d'ailleurs, surtout en ville, les gens vous alpaguent à tout bout de chant à coup de «eh muzugu!», jamais méchamment, parfois pour obtenir de l'argent, souvent par curiosité. Dans ces conditions, il est tout aussi délicat de s'énerver que difficile de garder totalement son calme. Ce qui est le plus fatiguant, c'est de ne jamais pouvoir se déplacer incognito et se fondre dans la masse. On en vient à vouloir se raser la tête et se passer le visage au cirage tous les matins pour être tranquille!

Maintenant, pour avoir la paix, le truc à éviter ABSOLUMENT, c'est la jupe au-dessus du genou. Vous vous doutez bien que j'ai fait cette découverte à mes dépens, et je suis sûre que vous mourrez d'envie de savoir comment. Alors voilà: un matin pas comme les autres – parce qu'ensoleillé, j'ai eu envie d'exposer mes petites gambettes en mettant une robe. Mais dès que j'ai mis le pied dehors, j'ai presque déclenché une mini-émeute! Je me suis faite siffler partout, à toutes les échoppes, par les hommes et les femmes confondus! Vous voyez ce cauchemar très cliché du type qui se retrouve à poil en chaussettes devant toute la classe? Et bien c'était pareil, sauf que c'était bien réel, que ça s'est passé devant tout le village, et que ça a duré les 20 minutes du trajet entre ma maison et l'université! Dans mon malheur, j'ai quand même eu de la chance semble-t-il, parce qu'en racontant ma mésaventure à mes collègues (qui se sont bien fichus de moi!), ils m'ont dit que si j'avais été burundaise, les femmes m'auraient certainement jeté des tomates pour me faire passer l'envie d'être vêtue de façon aussi indescente! On ne m'y prendra plus! Plus de jupe au Burundi!

Cela étant, même sans jupe, le simple fait d'être blanche me rend totalement irrésistible. Du coup, le rapport de séduction systématique que les hommes, y compris mariés, entretiennent avec nous est aussi un peu pesant. Mieux vaut en rire, surtout que la subtilité n'est pas tout à fait la qualité première de leur stratégie de séduction, hehe! Le « tu as un mari? » arrive généralement assez rapidement dans une conversation. Sans compter qu'ici, je suis un vrai canon de beauté! En plus de ma peau et de mes cheveux, les burundais apprécient beaucoup « mes formes généreuses », ce qu'ils ne se privent pas de me répéter à loisir, de façon plus ou moins délicate! L'autre jour, un taxi vélo qui croyait sans doute me flatter, m'a demandé « 100 francs de plus pour les kilos muzungu! »! L'épisode le plus hilarant à ce propos s'est produit alors que nous étions de passage à Kirundo dans un petit village au bord du lac: une femme d'une quarantaine d'année s'est approché de moi avec un sourire hilare, m'a attrapé les hanches en me signifiant que j'avais de bonnes grosses fesses, et ce devant tout le village assemblé! Vous l'aurez compris, il ne fait pas bon être susceptible au Burundi!

LES 10 ANS DE L'UNIVERSITÉ DE NGOZI

On ne se refait pas! Entre la semaine dernière et ce WE, notre activité principale en dehors du travail a essentiellement consisté à faire la tournée des bars de Ngozi: du bouge sordidos avec 4 chaises en bois sous un toit de tôle à la terrasse du « bar de la piscine », le QG des notables de la ville, nous avons ratissé large, au grand dam de notre cher recteur Appolianire! Vendredi dernier en particulier, nous avons été boire un verre avec des collègues (dont Ildéphonse qui est particluièrement bavard après une Amstel!), l'occasion de franches parties de rigolades (voir ci-dessous le post BE FUNNY, BE IN BURUNDI!). Puis, après 1h de cours de danse traditionnelle burundaise en « pagne » (c'est le vêtement traditionnel en deux parties, avec des imprimés très coorés) avec les soeurs, il a bien fallu aller prendre des forces pour la fête des 10 ans d'existence de l'Université.


Samedi 10 octobre donc, réveil à 6h30 par le coq hystérique, et complété par une bonne douche froide, je m'apprête, je me fais belle, je me mets une tenue de fête traditionnelle burundaise sur le dos (et il faut avouer que ça me va plutôt pas mal ;-)) et je mets même des talons s'il-vous-plait! La dernière des bonnes idées quand il faut rester 3 heures debout pendant les discours et l'interminable remise des diplômes (qu'ils appellent « collation des grades académiques » ... pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué!). Heureusement, pour se consoler, j'ai eu droit à un magnifique spectacle de tambourinaires (musiciens-danseurs traditionnels du Burundi), arrosé d'Amstel! Ces Burundais, ils savent faire la fête!



Pauline (l'amie d'Antoine le Bûcheron) et deux de ses amies, Hélène et Clémence, sont arrivées en cours d'après-midi de Bujumbura, toutes très sympas, et ça fait vraiment un bien fou de parler français de façon naturelle! Car maintenant que je vis avec Maxi et Laura, l'essentiel de mes conversations « non-professionnelles » se fait en espagnol. En fait, notre maison, c'est un peu l'auberge espagnole: des dialogues (parfois de sourds, c'est hilarant!) entre entre une française, un madrilène, une barcelonaise, un burundais (car Appolinaire parle couramment espagnol) et bientôt une colombienne. Moi qui était en quête de recontre interculturelle, je suis servie!


Le soir, première expérience d'une boîte burundaise à « la Moda », unique night club de Ngozi! Et ben c'était pas mal! Le lieu (avec les seules pizzas de la ville, vraiment bonnes!) et la musique: au top! Et les Burundais dansent...je ne vous dis que ça! Evidemment, après 36 heures de fête, la fin du WE devait être consacrée au repos. On a quand même été au marché dimanche matin, et atteri à la terrasse d'un hôtel splendide, à flanc de colline, avec une vue époustouflante sur la vallée! Bien sûr, épuisés par tant d'activités de si bon matin, nous avons fini l'après-midi à « faire paupiette » devant des films.

La fête de l'Université s'est prolongé jusqu'à ce vendredi où nous sommes partis avec tout le personnel permanent de l'université à Kirundo, pour découvrir le plus grand lac du Nord, le lac Rweru, une vraie merveille et une super ambiance! Après quelques Amstel et un déjeuner-dîner qui ne m'est pas resté longtemps sur l'estomac (si vous voyez ce que je veux dire...), nous sommes rentrés en chantant dans le bus comme au retour d'un WE d'intégration!


Mais l'évènement de la semaine c'est ... wait for it...: le déménagement!!!Nous voilà enfin tous les trois installés dans notre grande et belle maison, avec 4 chambres et 3 salles-de-bain, une terrasse couverte, et même de l'eau chaude de temps en temps. Bon, il reste quelques trucs à régler, notamment une dizaine de problèmes de plomberie dans le maison, mais à part ça, que du bonheur! Avec les collocs, au top! Entre Laura, qui est une vraie « Monica » et Maxi « el papa de la casa », tout se passe très harmonieusement! Et croyez-le ou non, c'est moi la moins fêtarde de la colloc! Sans oublier la voiture! Un énorme 4x4 Nissan qui ne ferme pas, dont le frein à main ne marche pas, et dont la clé ne peut pas rester dans le contact au risque de tomber quand la voiture est en marche! Rassurez-vous, elle ne nous sert que pour rentrer le soir, pas pour de longs trajets (qu'elle ne supporterait sans doute pas d'ailleurs).


Une dernière anecdote: l'autre soir au bar, nous croisons par hasard des français, qui se sont avérés être ... des toursistes!! si, si, ça existe! Maintenant vous le savez, le Burundi est un haut lieu du tourisme international et n'attend plus que vous!

mercredi 14 octobre 2009

BE FUNNY, BE IN BURUNDI

Chers lecteurs,

Vous vous souvenez sans doute de mon dernier post où j'évoquais avec enthousiasme la bonne humeur des burundais. Et bien, après deux semaines passées ici, je dois maintenant approfondir ce point. Car en fait de bonne humeur, c'est du « bon humour » burundais qu'il faut parler. Et oui, alors que beaucoup d'entre nous ont du mal à saisir le « british humour » qui sévit outre-manche, à deux heures d'eurostrar, l'humour burundais est à la portée de quiconque apprécie un tant soit peu les double sens.

Ce trait culturel, le burundais le doit d'abord à sa langue. En effet, le kirundi (que je ne maîtrise pas encore, rassurez-vous, mais que les Burundais ont beaucoup de plaisir à faire découvrir) fourmille d'ambiguïtés pleines d'ironie. Le premier exemple qu'il me faut citer est le verbe « usoma »: il signifie à la fois « boire » (l'équivalent de notre « santé » lorsque l'on trinque se dit « soma »), « lire » (ce qui en dit long sur ce que les Burundais pensent des intellectuels ;-)) et « embrasser » (autant vous dire que lorsqu'un homme vous invite à « boire », il n'est pas difficile de savoir où il veut en venir!). De même, en kirundi, les verbes « écouter » et « goûter » se disent avec le même mot. Pour moi, cette dernière subtilité est le signe par exellence de la grandeur de cette langue, qui accorde au verbe et à la musique « une saveur ».

L'autre aspect de l'humour burundais, c'est l'absence de maîtrise des autres langues. En effet, parmi les blagues les plus connues ici, on raconte souvent les mésaventures de l'ancien président Buyoya qui, malgré son ignorance totale de l'anglais, souhaitait absolument faire montre de ses compétences linguistiques en toute circonstance. On raconte notamment comment, à la question d'un dignitaire anglophone « How do you feel? », il répondit « I Phill Collins ». Une autre perle digne d'être retranscrite: Buyoya arrive très en retard à une réunion, il entend son premier conseiller s'excuser « I am sorry », le second lui emboîte le pas « I am sorry too »; le président enchâine alors tout naturellement « I am sorry three »! Histoires vraies garanties!

Enfin, je dois citer un aspect de la vie burundaise qui moi me fait hurler de rire: le « journal de 20h » (qui est en fait à 19h30 en français) de la seule chaîne de télévision burundaise RTNB (Adrien, ce petit clin d'oeil politique est pour toi!. Ils ont un site internet, vous pouvez peut-être aller jeter un coup d'oeil: www.rtnb.bi/. Moi qui était épuisée par l'omniprésence de Sarkozy dans les médias et la complaisance de certaines chaînes de télévision privées, j'ai pris une bonne leçon! Toutes les nouvelles et tous les reportages tournent autour du Président, qui est présenté sans retenue comme un saint homme! Lors de ma première expérience du JT burundais, après trois reportages commençant par « le Président N'kurunziza a fait/ a dit/ s'est joint à la population pour», une nouvelle, enfin, semble parler d'autre chose. En l'occurence, un don de 350 sacs de ciment provenant d'un homme d'affaire éthiopien pour la construction d'écoles primaires. Et là, interview du vice-président de la république qui dit, à peu de chose près, ceci: « Lorsque cet homme d'affaire éthiopien est venu au Burundi et a vu à quel point le Président était proche de la population, lorsqu'il a vu ce dernier passer des heures entières à mettre la main à la patte avec ses concitoyens pour construire un centre de santé, il a voulu honorer la grandeur d'âme et la générosité uniques au monde de ce Président». Grandiose! Et ça ne s'arrête pas là! Le fameux centre de santé fait aussi l'objet d'un reportage dans le même JT... et dans le JT du lendemain, puis du surlendemain, et jusqu'à 1semaine plus tard! Fantastique!!

En espérant que ce post aura éclairé votre journée, ou vous aura au moins fourni quelques bonnes blagues pour briller en société! A bientôt!

mardi 6 octobre 2009

ROUGE TERRE ET NOIRE MISÈRE

Merci pour vos premiers commentaires!! et merci aussi aux Burundais de sang ou "d'adoption" qui s'intéressent à ce blog. J'espère que ce post ne les détournera pas de lire la suite de mes aventures...

Le Burundi est un pays qui suscite chez moi des sentiments très partagés. Ce qui marque beaucoup au premier abord, à part la terre rouge absolument omniprésente (bâti, poussière, nouvelle teinture pour les vêtements!), c'est la très grande pauvreté. La plupart des gens vivent dans des conditions vraiment terribles, notamment les ruraux qui ont très peu accès aux services sociaux. Les enfants déguenillés courrent les chemins, la plupart des maisons (sauf dans les hyper-centres-villes et dans les quartiers chics) sont faites de tourbe et de tôle (et quand la tôle est vraiment trop chère, il faut se contenter d'un toit en paille), l'électricté et l'eau courante sont un luxe, et j'en passe. A Ngozi même (l'équivalent de Marseille pour la France), chaque quartier doit subir une « journée sans électricité » hebdomadaire, sans compter les coupures régulières le reste de la semaine. Le chômage atteint des proportions gigantesques, et l'avenir pour la jeunesse s'en trouve largement assombri. Et puis les séquelles de la guerre, d'abord très discrètes, se font progressivement sentir: subtilement dans les soudains moments de sérieux qui entrecoupent les conversations rigolardes, et de façon plus concrète au travers de la présence de policiers et de militaires un peu partout dans les villes et sur les routes.

Contrairement à l'image qu'on en a souvent, les Burundais ne sont pas « contents de ce qu'ils ont ». Au milieu des rires, nombreux sont les gens à qui j'ai parlé qui évoquent rapidement la misère qui frappe durement leur pays, même s'ils reconnaissent les progrès effectués depuis quelques années. A ce propos, une autre chose m'a beaucoup choquée: l'ominprésence de la coopération internationale, à tous les échelons de la vie sociale et politique. Pas un chantier qui ne soit financé par une organisation internationale, pas un volet de la protection sociale (rudimentaire, il faut l'avouer) qui ne soit soutenu voire assuré par une ONG. On a vraiment l'impression que le pays vit sous perfusion.

Mais pas question de donner du Burundi une image désolée! Le pays recèle 1000 charmes, en tête desquels il faut citer la population. Même s'il est parfois un peu énervant d'être immédiatement encerclée lorsqu'on s'arrête quelque part, et de s'entendre appeler « muzugu » (la blanche) tous les 2 mètres, les Burundais sont souvent très agréables et serviables. Le plus remarquable: ils rigolent pour tout, même (et surtout!) quand ils ne vous comprennent pas! De fait, seuls les Burundais qui ont été à l'école parlent français, et dans les petits villages, ceux-là sont très rares. Même avec ces derniers, la compréhension mutuelle n'est pas toujours aisée, ce qui donne parfois lieu à des quiproquos assez cocasses! Du coup, je vais me mettre sérieusement au Kirundi, qui n'aura bientôt plus de secret pour moi.

Enfin je terminerai ce post sur une note gastronomique pour vous parler de la cuisine burundaise! La nourriture ici est un régal contamment renouvellé: à côté des aliments de base que sont le riz, les pommes de terres, les oignons, les bananes frites et la bière (qui ne manque jamais, même dans le « cabaret » ou bar le plus reculé!), on trouve ici toutes sortes de viande, ainsi que tomates, aubergines, mangues et avocats de premier choix! A propos des avocats, qui sont vraiment aussi suculents que les mexicains (Aurianne et Timsit sauront de quoi je parle!), il faut dire aussi qu'il s'agit de la nourriture présidentielle ici!

Voilà! Si vos impressions à la fin de ce post sont mitigées, c'est que vous avez saisi mon sentiment du moment! Je ne désespère pas de voir les choses s'éclaircir d'ici peu! Je vous tiendrai bien sûr informés! A très bientôt!

lundi 5 octobre 2009

SOYEZ SURPRIS, ALLEZ AU BURUNDI!

SOYEZ SURPRIS, ALLEZ AU BURUNDI!

Le Burundi, ça y'est, j'y suis! J'ai d'abord passé quelques jours à Bujumbura, la capitale « in progress » du pays, dans une grande maison où vivent en collocation plusieurs expatriés employés par la coopération internationale. J'y ai été chaleureusement accueillie, et gracieusement nourrie, logée et voiturée par Julien, l'ancien volontaire DCC qui travaille aujourd'hui à Bujumbura.

Pour ne rien vous cacher, ces quelques jours m'ont un peu sonné: trop d'informations et de découvertes de visu d'un seul coup! Cela étant, j'ai eu la chance de faire de très heureuses recontres, dont mon ami André, chauffeur de taxi de son métier, qui m'a fait découvrir quelques coins typiques de Buja, dont le port industriel et le marché central. A l'occasion de ma brève visite au lac Tanganyika (qui a bien mérité son surnom de mer intérieure), j'ai aussi fait la connaissance de deux jeunes filles, Irène et Eliane, qui ont promis de me faire découvrir les karaokés enflammés de la capitale dès que je reviendrai les voir!

Puis vendredi après-midi, il a bien fallu décoller pour mon lieu de mission: Ngozi la montagnarde! Deux heures de route à travers les collines et les hauts plateaux, avec mon nouveau patron: le Père Appolinaire, un cinquantenaire plutôt débonnaire, qui aime l'Amstel (LA bière locale, avec la Primus) et les brochettes de chèvre, très ponctuel (ce n'est pas une blague! Et si c'était en Afrique que j'apprenais enfin à être à l'heure?), toujours en quête de fonds pour son université et très à cheval sur la sécurité (ce qui devrait vous rassurer!).

En arrivant, plusieurs surprises m'attendaient déjà (ou encore, je ne sais plus très bien!). La première plutôt déroutante: en lieu et place de la petite maison dans l'enceinte de l'évêché, j'avais hérité d'une chambre dans le couvent contigü, avec un peu d'électricité mais pas trop, l'absence totale d'eau chaude et aucun placard où ranger mes affaires; mais au final, rien d'insurmontable, d'autant que les soeurs sont vraiment adorables. Cela étant, pour deux ans, c'est un peu spartiate! En plus, le coq du couvent est complètement insomniaque et neurasténique, et hurle en continu dès 6h du matin. J'en fais des rêves où je l'égorge à mains nues toutes les nuits! Du coup, il est très probable que je déménage bientôt dans une immense maison en colloc, que j'ai visité hier soir, et où nous aurons une chambre d'amis ;-).

Mais en colloc avec qui? me direz-vous. C'est là qu'intervient la deuxième surprise: mes deux collègues espagnols, une barcelonaise nommée Laura, un peu tête brûlée et grande buveuse de bière (plus que moi, c'est pour dire!) et un mardrilène qui répond au nom de Maximo, « el unico realista del trio » comme il se définit lui-même! Maximo n'est là que pour 3 mois, mais Laura reste elle aussi pour 2 ans. Du coup, je parle autant espagnol que français, au coeur de l'Afrique, qui l'aurait cru!

C'est donc avec cette fine équipe que nous sommes partis en WE à Kirundo, dans le Nord-Est, pour découvrir quelques uns des grands lacs de la région. Les paysages sont vraiment fantasiques! Pour les découvrir, nous avons surtout beaucoup marché (j'en ai encore des crampes dans les mollets)! Cela nous a permis de nous arrêter (ou de nous faire arrêter!) dans plusieurs petits villages ruraux, et nous avons même exploré les « PMU » du coin, qui n'ont du PMU que la bière et les piliers de bars!

Après un dîner poisson grillé en terrasse, une nuit passée dans une maison d'accueil au bord du lac Cohoha, une petite excursion en pirogue sur le Lac aux oiseaux (Rwihinda) et une dégustation du meilleur poulet du Burundi (qui s'est révélé être assez complexe à manger et difficile à mâcher!), nous avons repris la route vers Ngozi, à bord d'un pick-up surchargé, entre quelques sacs de tomates et de bananes, deux matelas et une étagère en bois, sans compter les 4 autres passagers qui nous accompagnaient! Que du bonheur!

Et puis me voilà, à mon deuxième jour de boulot, vous écrivant de mon bureau de l'université, que je partage avec mon doyen, le désormais célébrissime Ildephonse!, et mon autre collègue, Lambert. Je suis sûre que vous rêvez tous de savoir quelles têtes ils ont, alors je tâcherai de voler une photo! Quant à l'Université, elle est immense et la qualité de ses équipements tranche avec la pauvreté ambiante. Heureusement, les cours n'ont pas encore commencé (ce qui m'a laissé le temps d'écrire ces quelques lignes!). Je commence à m'acclimater doucement mais j'avoue être un peu submergée par l'inconnu!

Toutes les bonnes choses ont une fin, ce 1er post ne fera donc pas exception! Murakoze (merci) de m'avoir lu jusqu'au bout et à très très vite!

dimanche 20 septembre 2009

Le Burundi?? C'est une boisson traditionnelle amazonienne ça, non? Ah, un pays d'Afrique! et c'est où ça??










Pour faire court (et pas cours, hihi!), le Burundi, c'est un mini pays situé dans la région des Grands Lacs, plus petit que la Belgique (c'est pour dire!), et qui sort à peine (2005) d'une longue guerre civile (12 ans) qui a considérablement appauvri le pays (4e à 6e pays le plus pauvre du monde selon les classements).
Vous voulez en savoir plus:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Burundi