jeudi 28 janvier 2010

NGOZI'S ANATOMY S01E03: LE COQ EST MORT!


Les fêtes de Noël amènent leur lot de nouvelles aventures. Il y a quelques semaines, une nouvelle collocataire est venue s'installer à la maison: elle s'appelle Carolina, elle est colombienne et travaille aussi à l'université. Le trio, devenu quatuor l'espace de quelques semaines, s'apprêtent donc à fêter dignement le passage à la nouvelle année. Les collocs ont organisé avec leurs collègues de l'université le jeu de l'ami invisible, qui a rencontré un franc succès et leur a vallu le titre de G.O. officiels de l'uni. Puis est venu l'incontournable repas de Noël, autour de la dépouille de Francesco le coq, qui s'est avéré être aussi revêche mort que vif! En effet, l'inoffensif animal de compagnie s'est révélé être une bestiole sociopathe totalement insomniaque, chantant à toute heure du jour et surtout de la nuit, se ruant dans le lit de Maria à la moindre occasion et prêt à dévorer jusqu'aux vitres de la maison!


A l'occasion de ce dîner, une amie espagnole de la colloc, Elena, est venue se joindre à la joyeuse petite troupe. La belle, qui venait d'éconduire son prétendant burundais d'un mois, avait grandement besoin de réconfort. Un réconfort qu'elle a inespéremment trouvé dans les bras de Saidi, un ami congolais de Maria, des plus charmants, même si un peu maladroit avec les filles! Les suites de ce début de romance se révèlent un peu cahotiques, mais Maria veille au grain et fait de son mieux pour réunir les deux tourtereaux.


Puis est venu le temps des départs - temporaires pour les vacances pour Laura et Maria, définitif (en tout cas, c'est ce que tout le monde croyait!) pour Maxi - sauf pour Carolina qui reste seule à Ngozi pour les fêtes. Les coeurs de Laura et Maxi débordent évidemment de chagrin, mais heureusement, ils ont prévu de se voir à Madrid début janvier, juste avant le retour de Laura à Ngozi. Leurs retrouvailles au coeur de la capitale espagnole ont sans doute contribué à les conforter dans leurs sentiments puisque Maxi, après moult tergiversations, s'est enfin décidé à revenir lui aussi à Ngozi, pour 4 mois de plus, arrivée prévue le 15 février! La maisonnée, devenue exclusivement féminine, se réjouit de cette nouvelle! Amidou en revanche, qui pensait pouvoir tenter à nouveau sa chance avec la belle Laura après le départ de Maxi, a encore dû se faire une raison, la muzungu kazi mwiza (la belle blanche) n'est décidemment pas pour lui.


En attendant l'arrivée de Maxi, les filles, de retour au bercaille, ont repris les cours. Cette rentrée a été ponctuée par une invitation à la dot de la soeur de Jean-Pierre, splendide fête, où nos 3 compères, une fois encore accompagnées de la douce Elena, ont fait sensation parées du traditionnel imvutano! La pauvre Laura, pour avoir couru pendant la réception avec son vêtement de fête, s'est vu répété 34 fois le lundi matin à l'université qu'on ne court pas avec un imvutano!


La relation d'amitié entre Laura et Amidou est-elle menacée par le retour de Maxi? Comment se passera le retour de ce dernier, désormais perdu au milieu de 3 collocataires au sacré caractère? L'histoire entre Saidi et Elena prendra-t-elle une nouvelle tournure? Carolina se lancera-t-elle a la conquête des « merveilles culturelles » du Burundi et se dégotera-t-elle « un amante tinieblo » comme le lui suggère insistamment Laura? Vous le saurez en lisant le prochain épisode de Ngozi's Anatomy!

jeudi 14 janvier 2010

STARWARS CHEZ LES BARUNDIS

La culture, « c'est comme une boîte de chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber! » Naïvement, au début, je pensais trouver au Burundi un mode de vie très différent de celui de la France. Et puis en arrivant, je me suis rendu compte que la mondialisation avait bien fait son boulot: tout le monde a un téléphone portable en ville, le « vidéoclub » de Ngozi a des cassettes de Prison Break et des DVD d'American Pie, et Céline Dion est une super star! Autant vous dire qu'il n'y a pas de quoi être fier de la culture mondiale qui s'exporte aujourd'hui!

Pourtant, au fur et à mesure que j'ai commencé à mieux saisir la culture burundaise, je me suis rendue compte que beaucoup d'«évidences» étaient en fait très liées à la culture. Un petit exemple? C'est très simple: je rigolais avec un copain sur le fait qu'il avait une brosse à dent bleue et moi une rose, ce à quoi le copain en question a répondu « et? ». Et...et... et oui, ici, l'association quasi-instinctive du rose avec les filles et du bleu avec les garçons ne veut rien dire...

Par ailleurs, depuis que j'ai commencé à donner des cours (de français pour le moment), j'en découvre des vertes et des pas mûres, notamment en ce qui concerne le fameux « patrimoine historique universel de l'humanité ». Ici, même les étudiants qui atteignent l'université n'ont aucune idée de qui est Léonard de Vinci, pensent que la Joconde est une espèce d'oiseaux et ignorent tout de l'Illiade et de l'Odyssée (c'est sûr, sans France Télévisions et Ulysse 31, c'est moins évident!). Plus surprenant est l'épisode que je m'en vais vous conter maintenant: je faisais faire un exercice à mes étudiants sur le sujet: « imaginez une application pour votre téléphone portable et défendez-la devant la classe ». Pour illustrer le sujet, je prends l'exemple, somme toute assez « jeunes'cool » vous en conviendrez, d'un téléphone qui fait aussi sabre laser (non, non, l'Iphone n'a rien à voir là-dedans ;-)). Un amphithéâtre entier me dévisage alors avec un regard éberlué. « Vous voyez ce que c'est qu'un sabre laser? ». Et là, 200 étudiants me répondent en coeur « Non madame! ». Pas un seul n'avait même entendu parlé de Starwars! Raté!

Les croyances populaires sont aussi un sujet de franche rigolade. Dans le cadre d'un cycle de conférences donné dans tout le Burundi, les étudiants ont assisté à une intervention sur les violences sexuelles faites aux femmes. Sur demande du recteur, j'en ai fait un sujet de débat pour le cours de français, qui en fait de débat a vite tourné au cours d'éducation sexuelle. Après une demi-heure de discussion sur ce que l'on peut et doit considérer comme violence sexuelle, un étudiant me pose la question qui tue: « Pardon Madame, est-ce qu'on peut considérer que la masturbation est un acte de violence sexuelle perpétré envers soi-même? » ... Je me suis donc retrouvée à expliquer à une classe soudainement toute ouïe que non, la masturbation n'est pas une maladie, qu'elle ne cause ni impuissance ni problèmes neurologiques graves, et qu'elle peut être considérée comme une manière de canaliser ses énergies sexuelles comme d'autres pratiquent beaucoup de sport ou s'adonnement à la méditation! Et tout ça avec beaucoup de précautions évidemment, car il fallait tenir compte du fait que les étudiants sont pour la plupart très pratiquants, catholiques, protestants et muslumans confondus! L'apothéose de cette saynette burlesque est venue lorsque, à la fin de mon effort de dédiabolisation de la masturbation, un élève m'interroge alors totalement paniqué « Mais Madame, on n'est quand même pas obligé de faire la masturbation pour être en bonne santé, dites? » Un grand moment!

Je crois que sur ce thème, je ne suis pas au bout de mes surprises!