jeudi 14 janvier 2010

STARWARS CHEZ LES BARUNDIS

La culture, « c'est comme une boîte de chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber! » Naïvement, au début, je pensais trouver au Burundi un mode de vie très différent de celui de la France. Et puis en arrivant, je me suis rendu compte que la mondialisation avait bien fait son boulot: tout le monde a un téléphone portable en ville, le « vidéoclub » de Ngozi a des cassettes de Prison Break et des DVD d'American Pie, et Céline Dion est une super star! Autant vous dire qu'il n'y a pas de quoi être fier de la culture mondiale qui s'exporte aujourd'hui!

Pourtant, au fur et à mesure que j'ai commencé à mieux saisir la culture burundaise, je me suis rendue compte que beaucoup d'«évidences» étaient en fait très liées à la culture. Un petit exemple? C'est très simple: je rigolais avec un copain sur le fait qu'il avait une brosse à dent bleue et moi une rose, ce à quoi le copain en question a répondu « et? ». Et...et... et oui, ici, l'association quasi-instinctive du rose avec les filles et du bleu avec les garçons ne veut rien dire...

Par ailleurs, depuis que j'ai commencé à donner des cours (de français pour le moment), j'en découvre des vertes et des pas mûres, notamment en ce qui concerne le fameux « patrimoine historique universel de l'humanité ». Ici, même les étudiants qui atteignent l'université n'ont aucune idée de qui est Léonard de Vinci, pensent que la Joconde est une espèce d'oiseaux et ignorent tout de l'Illiade et de l'Odyssée (c'est sûr, sans France Télévisions et Ulysse 31, c'est moins évident!). Plus surprenant est l'épisode que je m'en vais vous conter maintenant: je faisais faire un exercice à mes étudiants sur le sujet: « imaginez une application pour votre téléphone portable et défendez-la devant la classe ». Pour illustrer le sujet, je prends l'exemple, somme toute assez « jeunes'cool » vous en conviendrez, d'un téléphone qui fait aussi sabre laser (non, non, l'Iphone n'a rien à voir là-dedans ;-)). Un amphithéâtre entier me dévisage alors avec un regard éberlué. « Vous voyez ce que c'est qu'un sabre laser? ». Et là, 200 étudiants me répondent en coeur « Non madame! ». Pas un seul n'avait même entendu parlé de Starwars! Raté!

Les croyances populaires sont aussi un sujet de franche rigolade. Dans le cadre d'un cycle de conférences donné dans tout le Burundi, les étudiants ont assisté à une intervention sur les violences sexuelles faites aux femmes. Sur demande du recteur, j'en ai fait un sujet de débat pour le cours de français, qui en fait de débat a vite tourné au cours d'éducation sexuelle. Après une demi-heure de discussion sur ce que l'on peut et doit considérer comme violence sexuelle, un étudiant me pose la question qui tue: « Pardon Madame, est-ce qu'on peut considérer que la masturbation est un acte de violence sexuelle perpétré envers soi-même? » ... Je me suis donc retrouvée à expliquer à une classe soudainement toute ouïe que non, la masturbation n'est pas une maladie, qu'elle ne cause ni impuissance ni problèmes neurologiques graves, et qu'elle peut être considérée comme une manière de canaliser ses énergies sexuelles comme d'autres pratiquent beaucoup de sport ou s'adonnement à la méditation! Et tout ça avec beaucoup de précautions évidemment, car il fallait tenir compte du fait que les étudiants sont pour la plupart très pratiquants, catholiques, protestants et muslumans confondus! L'apothéose de cette saynette burlesque est venue lorsque, à la fin de mon effort de dédiabolisation de la masturbation, un élève m'interroge alors totalement paniqué « Mais Madame, on n'est quand même pas obligé de faire la masturbation pour être en bonne santé, dites? » Un grand moment!

Je crois que sur ce thème, je ne suis pas au bout de mes surprises!

2 commentaires:

  1. C'est énorme!!!! j'espère que tu n'as pas éclaté de rire!! :D
    aller on garde son sérieux!!! t'es tout de mm prof zut!!:D ce n'est pas des cours de qualité ça expliquer à tes élève ce qu'est un sabre laser.... ils ne s'en serviront jamais alors que leur enseigner la mosaïque gréco romaine ça c'est utile!!! ;D
    j'ai hâte de débarquer dans tes cours!!! sujet spécial : "le sexe avant le mariage ne causera pas de malédiction sur votre maison par une pluie de termites dévastatrices!!" hihihi
    je t'adore:D
    kisses gey

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  2. Pas du tout étonné par la réaction de tes 200 étudiants. Et oui comme t'as dit rien n'est simple ni facile quand on n'a accès ni à la télé, ni à internet, en tous cas pas en "illimité".
    Je suis un jeune burundais aussi, et comme tu le verras, tu l'as déjà vu les bibliothèques sont plus que rares au Burundi. Peu de jeunes lisent, et même s'ils voulaient lire y'a pas trop de bibliothèques. Moi qui ai toujours aimé lire, et qui curieux me suis intéressé à plein de trucs même avant de quitter le Burundi, je reste hagard et impressionné devant la richesse de la bibliothèque municipale de la ville française, pourtant une petite ville de province où j'habite.
    Je ne parle pas de la BU de la fac. Et comme j'ai eu la chance de passer presque une année à l'Université du Burundi, j'ai tout le loisir de mesurer le gouffre qui sépare les Universités d'ici, et les Universités au Burundi.
    Bonne continuation si non, je vais essayer de finir de lire tous les posts :)

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