lundi 8 février 2010

STUDYING IN BURUNDI


Si je ne peux pas prendre l'Université de Ngozi comme exemple paradigmatique du système d'éducation supérieure au Burundi, je peux néanmoins en tirer quelques traits caractéristiques. Vous n'êtes pas sans savoir – et si vous l'ignoriez, maintenant vous le savez! – que l'Université de Ngozi (UNG) est la première université privée créée au Burundi et aussi la seule qui se trouve hors de la capitale. En effet, le pays compte aujourd'hui une quinzaine d'établissements d'éducation supérieure, tous situés à Bujumbura. Bonjour l'aménagement du territoire!

La jeunesse de ce réseau, à laquelle s'ajoute la faiblesse des salaires – notamment par rapport à ce qu'un diplômé de licence peut toucher en travaillant dans une Organisation ou une ONG internationale, explique en grande partie la carrence de professeurs qui touche le pays, surtout dans les campagnes (autrement dit, tout autre lieu que Bujumbura!). Les quelques profs qui exercent ici sont donc amenés à enseigner dans plusieurs universités à la fois. Lorsque toutes ces universités se trouvent au même endroit, pas de problème, mais que se passe-t-il lorsqu'il faut monter jusqu'à Ngozi, à deux heures et demi de route de Bujumbura, pour aller enseigner dans une université qui n'a pas les moyens de s'offrir un personnel permanent suffisant pour être totalement autonome? Et bien on s'arrange comme on peut! Comme les professeurs visiteurs doivent prendre des congés pour venir ici et sont alors logés et nourris au frais de l'université, les activités des professeurs permanents sont suspendues afin que les premiers puissent donner leur cours de 45 ou 60, voire 90h en 10 à 20 jours, à raison de 8h par jour, les WE et jours fériés compris!

A cause de ce rythme et de ces interruptions perpétuelles, même les professeurs permanents en sont réduit à donner leurs cours dans ces conditions. Heureusement, parce que nous avons un doyen compréhensif, nous avons négocié de n'avoir que quatre heures de cours par jour, pour étaler un peu la période d'apprentissage.

Un rythme effréné pour les étudiants qui, au terme du cours, passeront un premier examen (session partielle ou 1ère session) puis, s'ils ont échoué (note inférieure à 12, rares sont donc les élèves qui valident leur matière du premier coup), un second (session spéciale ou 2e session – qui consiste souvent à refaire le premier examen!), et n'entendront plus parler de ce cours jusqu'à la fin de l'année académique.

En parlant d'année académique, ici elle n'est pas fixe, sauf pour les premières années qui commencent les cours entre les mois de novembre et de décembre, après l'examen d'Etat (l'équivalent du bac) qui a lieu en septembre. Pour les autres, la nouvelle année commence lorsque la précédente prend fin, souvent après deux semaines de coupure pour laisser le temps aux commissions de passage de délibérer. Autrement dit, une année académique au Burundi ne dure pas nécessairement 12 mois: la licence, qui s'effectue normalement en 4 ans – du moins jusqu'à l'année prochaine où la réforme LMD devrait être lancée, peut parfois durer 5 à 6 ans! Cela signifie aussi qu'ici, pas de vacances, en tout cas planifiées: les étudiants ont connaissance de leur emploi du temps d'une semaine sur l'autre, en fonction des professeurs visiteurs disponibles, des professeurs permanents en congés ou non, et des périodes calmes, où ils peuvent s'octroyer quelques jours de vacances improvisées, souvent dédiées à un petit boulot pour financer leur minerval (leurs frais de scolarité).

Quant au niveau des étudiants, il est extrêmement hétérogène, il dépend essentiellement de la qualité du lycée dans lequel ils ont étudié, et cette qualité varie énormément entre les lycées communaux, les lycées privés catholiques et les lycées islamiques (comibu), etc. – ces derniers bénéficient en effet d'une meilleure qualité d'enseignement que la moyenne des établissements secondaires burundais grâce au soutien financier et logistique des pays du Golfe. Il me semble que la difficulté principale réside en fait dans la maîtrise du français qui, bien qu'il soit imposé comme langue d'apprentissage, n'est pas leur langue maternelle. Il est déjà compliqué de suivre un cours de biochimie, alors quand c'est dans une autre langue que la sienne... Pour le cas du département de traduction et d'interprétation dans lequel je travaille, le problème est bien plus grave: entre version et thème anglais-français, rien n'a de sens, puisque le français comme l'anglais sont des langues étrangères (« venues par avion ») pour les élèves. Mes cours de traduction consistent donc autant à leur apprendre à comprendre l'anglais qu'à bien s'exprimer en français! Et ce n'est pas une mince affaire!
 

2 commentaires:

  1. Bonjour,
    Je suis Français, je me permet de vous contactez car mon amie qui est Master 1 FLE à Angers cherche un stage MAE.
    Dans la liste des stages, la ville de Bujumbura est proposé, ce stage doit s'éffectuer dans l'Institut supérieur des cadres militaires.

    Pouvez-vous, svp me renseigné sur le niveau de vie de cette ville et votre ressenti au niveau sécuritaire ?

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  2. Bonjour,
    Même si je n'habite pas moi-même à Bujumbura, je peux quand même affirmer sans risque que le cadre de vie de Bujumbura est très agréable (même si ça manque un peu de supermarchés ;-)) avec la plage, une chaleur humide mais supportable, une circulation automobile dense seulement aux heures de bureau, des restaurants très sympathiques, et un niveau de sécurité tout à fait acceptable à condition de ne pas marcher seul le soir dans la rue. Pour ce qui est de la sécurité sur le reste du territoire, il faut être prudent, comme partout hors d'Europe. J'espère que cela répond à vos questions. Bonne chance à votre amie.

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