vendredi 20 novembre 2009

INVITE ME IN BURUNDI

Les Burundais ont une notion très particulière de l'invitation Lorsque l'on « invite » quelqu'un, à boire une bière, à dîner, à partir en week-end, celui qui invite a le devoir absolu de tout prendre en charge, notamment au niveau financier. L'exemple le plus significatif: on ne partage jamais une addition ici, sauf très rarement au cabaret (= bar – rien à voir avec le Lido, ne vous faites pas d'illusion!) lorsque l'un se charge de payer les boissons et l'autre les brochettes.

Ce sens très aigü de l'invitation donne évidemment lieu à quelques quiproquos – pas insupportables mais un peu lassants à la longue – lorsque la muzungu non initiée que je suis, habituée à proposer régulièrement à ses amis et collègues d'aller boire un coup après le travail, (je vois d'ici votre hochement de tête approbateur!) se retrouve à devoir payer systématiquement l'addition. Au début, avec la bière à 60 centimes d'euros (les 75 centilitres bien sûr! Ici, le demi n'existe pour ainsi dire pas: il y a bien l'Amstel Bock – sorte de bière d'abbaye – en 33 cl, mais la coutume veut qu'on en commande toujours 2!), on se laisse griser. Mais au fur et à mesure, lorsqu'on vient à être toujours celui qui règle la facture (ce quelqu'un inclut aussi Maxi et Laura), on commence à se poser des questions. La première qui nous vient à l'esprit a souvent trait à notre statut de bazungu (qui à l'origine veut dire « ceux qui ont de l'argent »). Nous prennent-ils donc pour des vaches à lait parce que nous sommes blancs?

C'est là que l'on se rend compte de nos mauvais réflexes! Car non, cela n'a en fait que peu à voir avec notre condition de bazungu, mais bien avec cette fameuse coutume de l'invitation. Ce que nous ne savions pas, c'est que celui qui propose est considéré comme celui qui invite! C'est aussi, à mon avis, ce qui explique pourquoi les Burundais prennent assez peu l'initiative de nous proposer de sortir. Il faut dire aussi que nous avons (ou avions, car avec le début des cours, il va falloir ralentir un peu la cadence!) un rythme de vie très différent du leur, en sortant presque tous les soirs.

Cela étant, ce constat doit être nuancé, car certains Burundais ont l'initiative facile quand il s'agit de nous demander de les inviter ;-). Même si je suis sûre qu'il s'agit d'une habitude bien d'ici, je crois aussi que ces demandes fusent plus facilement parce que nous sommes bazungus. Là, deux solutions: soit rire un bon coup et répondre « ejo » (plus tard/ un jour), soit accéder à la demande, juste pour cette fois, en espérant recevoir la pareille un de ces jours!

Notre prochain défi sera donc d'apprendre comment proposer sans avoir l'air d'inviter. Une tâche longue et complexe, qui sera certainement l'occasion de nombreux échecs, que la bière payée viendra heureusement apaiser ;-)

1 commentaire:

  1. Je m'aperçois que je n'ai pas commenté les derniers billets... (honte sur moi). Je saute donc sur celui-là pour dire que j'attends avec impatience les résultats de cette étude sur l'art de proposer sans inviter.
    C'est très intéressant en tout cas, ce principe de "celui qui invite paye tout". (Je vois que ça ne te servira pas d'incitation à limiter les consommations... :)). Bon courage, Max et merci pour tous tes billets !

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