mercredi 3 mars 2010

LIFTING IN BURUNDI


Les transports sont l'un des éléments les plus marquants du Burundi. Pour vous présenter le panel le plus complet possible de ce trait remarquable, laissez-moi vous guider du plus gros au plus petit.

LES ÉLÉPHANTS
L'essentiel des biens de consommation entre et sort du Burundi à bord de camions tanzaniens bigarés, et il faut bien l'admettre, un peu kitch, à l'image des camions indiens. Souvent surchargés, tant par les marchandises en tout genre qu'ils transportent que par les gamins qui sautent à l'arrière pour aider à décharger et gagner ainsi leur pitance quotidienne, ces camions ont une fâcheuse tendance à traverser les villes et villages à 150 km/h, manquant chaque fois d'écraser sauvagement vélos et piétons qui ont le malheur de se trouver sur leur passage! A cette vitesse, dans les virages en épingle à cheveux qui parsèment les routes burundaises, de nombreux camions se renversent.

Les accidents de camions, notamment ceux qui transportent de la bière (Primus et Amstel), sont un véritable événement dans les villages. Quelques secondes après s'être retourné, le camion est assailli par des dizaines de paysans qui improvisent sur place une sorte de cabaret informel et épuisent le stock de boissons en quelques heures, le temps que la police arrive sur les lieux!

LES CHARETTES
Les autobus burundais sont en général des camionettes 18 places, en réalité raremement occupés par ce nombre exact de personnes! On les appelle des « yas ». C'est le mode de déplacement le plus commun et le plus abordable pour aller d'une ville à l'autre, mais ce n'est clairement pas le plus rapide ni le plus confortable.

En effet, ici, on optimise le déplacement et l'espace du véhicule, ce qui signifie que le bus ne démarre pas tant qu'il n'est pas plein comme un oeuf. Le yas fait donc plusieurs fois le tour de la ville à la recherche de passagers, avant de se décider à prendre la route. A l'intérieur, les biens les plus inattendus s'amoncèlent: valises, sacs de riz, de haricots et d'oigons, poulets vivants, etc. Et sur le parechoc avant, il n'est pas rare de voire se balancer quelques mukekes et sangalas (poissons du lac Tanganyika), ce qui leur confère ce petit goût unique au monde! Sur la route, même principe: on s'arrête tous les 20 mètres pour prendre un nouveau passager ou pour que l'un des passagers à bord achète un régime de bananes ou un sac de pommes de terre.

Tout cela vous semble bien folklorique, je n'en doute pas, mais c'est sans compter sur le mal qui frappe nombre de burundais: celui des transports. En effet, il arive souvent que votre voisin rende son déjeuner dès les 20 premières minutes de voyage et ce jusqu'à l'arrivée. Mais rassurez-vous, les burundais savent se tenir, ils vomissent souvent dans leur sac pour ne pas vous incommoder!

LES BOEUFS
Le parc automobile burundais ressemble à celui de presque tous les pays d'Afrique: de vieilles voitures décharnées en provenance d'Europe, au kilométrage titanesque et aux intérieurs improbables, et de gros 4x4 pick up, parfois propriétés des quelques rares burundais millionnaires (en Francs Bu, bien sûr!) ou de l'administration, mais plus généralement outil de travail de la coopération internationale. Entre les deux, on trouve les Corolla japonaises des taxis, souvent ornées sur leur pare-brise avant et arrière d'autocollants géants glorifiant le nom de Dieu. Là encore, même principe que pour le yas, pas de gaspillage: lors que vous prenez un taxi pour aller d'une ville à l'autre, c'est souvent avec 3 ou 4 inconnus et le coffre plein de marchandises diverses et variées.

L'autostop est aussi une pratique très répandue au Burundi. On appelle cela « trouver un lift ». Et contrairement aux idées reçues, les burundais se prêtent volontiers à cette pratique. Nous même, comptant parmi les professeurs privilégiés de l'université qui disposent d'un véhicule, nous sommes souvent sollicités pour déposer un collègue sur le chemin.

LES BROUETTES
Comme en Chine, le moyen de transport emblématique du Burundi, c'est le vélo! D'abord avec les taxi-vélos, que l'on trouve en bande à presque tous les coins de rue, réunis autour de bornes informelles, et qui, moyennant quelques centaines de francs, suent sang et eau pour vous amener n'importe où en ville. Ils sont réputés pour conduire très dangereuseument et être à l'origine de nombreux accidents. Une de mes étudiantes a d'ailleurs failli y laisser un orteil! A Bujumbura, comme la ville est plus étendue, les taxi-motos leur font concurrence.

A la campagne et sur les routes, le vélo sert surtout à transporter toutes sortes de marchandises: des bottes de foins aux sacs de charbon, vous n'imaginez pas tout ce qui tient sur un deux-roues. Et les pauvres bougres qui poussent leur vélo surchargé comme ils pousseraient un âne mort font sans conteste partie du paysage. Cela n'est pas très étonnant quand on sait qu'en dehors des 3 ou 4 routes principales du pays et des 2 ou 3 rues principales de chaque ville, toutes les autres voies du Burundi sont en terre battue, diablement pentues et donc difficilement accessibles aux véhicules.

... ET MARCHER AVEC SES PIEDS!
Mais ici, compte tenu du relief montagneux, des difficultés d'aménagement du territoire et de l'enclavement des villages, la meilleure façon de se déplacer, c'est encore avec ses pieds. Malgré l'absence de trottoir en ville et de bas-côté sur les routes, les Burundais, surtout les paysans, font des kilomètres tous les jours pour aller aux champs, chercher de l'eau, faire des courses, se faire soigner, etc. Hommes, femmes, enfants, souvent chargés de panier dignement portés sur la tête à l'aide d'une sorte de turban en feuilles de bananes, grimpent avec agilité les collines escarpées qui couvrent le pays.

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