jeudi 10 novembre 2011

HOME SWEET HOME IN BURUNDI


Ma vie quotidienne à la maison, j'aurais dû la raconter il y a bien longtemps. L'occasion ne s'était pas présentée...avant aujourd'hui !! Pour me rattraper, laissez-moi vous parler de ces multiples bonheurs et tracas qui font qu'on se sent si bien chez soi !

LA COLOCATION

La colocation, ce n'est pas facile tous les jours ! Une lapalissade me direz-vous ? C'est vrai, mais il faut avouer qu'au cœur de l'Afrique, cela prend une toute autre dimension.

Il faut d'abord compter avec le fait qu'ici, on ne choisit pas vraiment ses colocataires. En l'occurrence, à Ngozi, il y a une maison pour les professeurs volontaires de l'université où nous sommes tous tenus de vivre. Or autre lapalissade : on n'est pas tous fait pour vivre ensemble, même avec des gens qu'on apprécie beaucoup, surtout lorsque l'on vit, on sort et on travaille tous ensemble. Les relations deviennent tout de suite beaucoup plus (trop) intenses et il est difficile de trouver des espaces de décompression. C'est un peu LOFT STORY, avec les caméras et surtout la piscine en moins ! ;-)

De fait, même si les horaires de travail et de sortie (par la force des choses puisque la plupart des bars ferment à 22h) sont les mêmes, les colocs ne vivent pas nécessairement au même rythme. Essayer de vivre à la cool dans un maison où l'un des colocs est très pointilleux sur l'organisation ou l'hygiène n'est pas toujours aisé. Vice versa : l'insouciance des uns peut déranger l'hyperactivité et le perfectionnisme des autres, en particulier lorsque l'on n'a personne (ou presque) pour s'occuper de la maison.

LA DOMESTICITÉ

Les « grooms », parlons-en ! Chez nous, hormis le cuisinier – Pierre – qui vient 3 matins par semaine depuis 1 mois, nous n'avons que notre vieux « zamu » (gardien) Julien, qui vit à la maison et la garde du coup 24h/24h. Il s'occupe aussi du jardin, du ménage du sol dans la maison et de la lessive (on n'a pas de machine à laver le linge, bien entendu!) pour un salaire mensuel de 60 000 Bif (37 euros). Certains amis en provenance de l'Europe et qui sont passés par ici ont été troublés par les conditions de vie de ce pauvre monsieur d'un soixantaine d'année.

Pourtant, c'est bien Julien, père et grand-père, chef de famille, qui a souhaité venir s'installer à la maison – qu'il ne gardait auparavant que le jour – lorsque notre gardien de nuit est parti. Pour lui, c'était une aubaine : il doublait son salaire et n'avait plus à payer le loyer de la chambrette qu'il louait en centre-ville. Il est logé de façon très spartiate, c'est vrai, mais dans une bâtisse en dur, quand la plupart des gardiens ici sont logés dans des cabanes en roseaux ou en toile. Sans compter que les nouveaux colocs viennent de lui offrir une porte, qu'il jouit gratuitement de l'eau courante extérieure, et que depuis 1 mois et demi, on a installé l'électricité dans sa petite cahute (notez que 80% de la population burundaise n'a accès ni à l'électricité, ni à l'eau courante). Enfin, son salaire est très largement supérieur à celui des gardiens du voisinage (entre 15 et 30 000 Bif par mois maximum). Seules les compagnies de gardiennage paient parfois – pas toujours – plus.

Bref, malgré l'indignation de mes compatriotes, j'affirme sans honte que notre gardien est plus que convenablement traité. Le choyer davantage risquerait de lui attirer des jalousies, et de fait, beaucoup d'ennuis. Je dois aussi ajouter que plus les « bazungu » traitent beaucoup mieux leurs gardiens que les autres, sans se préoccuper de la façon dont les gens vivent ici, plus ils entretiennent cette idée que les blancs ont beaucoup d'argent, dont ils n'ont que faire, et que c'est bon de les faire banquer. Les Burundais ne sont pas fous : si les blancs paient systématiquement plus que les Burundais, ils n'iront plus se faire embaucher chez leurs compatriotes, ou ils demanderont plus cher à des familles qui n'auront pas les moyens de payer. Ceux qui n'auront pas trouvé leur place chez un blanc refuseront alors de travailler pour un salaire plus faible, et préféreront ne rien faire... Je crois que je n'ai jamais aussi bien compris l'adage « L'enfer est pavé de bonnes intentions » qu'avec la façon de traiter les gardiens ici au Burundi.

LA CUISINE

Le dernier aspect de la vie à la maison, c'est évidemment la nourriture ! Ceux qui me connaissent savent que c'est un loisir et un plaisir de tout premier ordre pour moi ! Si vous êtes un fidèle de ce blog, vous aurez déjà eu un aperçu de la gastronomie burundaise et de la diversité de l'offre de restauration ici à Ngozi. Alors vous aurez compris que l'envie d'aller au restaurant est moins pressante qu'à Bujumbura ou à Paris ! De même, si vous êtes pressé, mieux vaut éviter le resto, où il n'est pas rare d'attendre une heure (et jusqu'à une heure et demie) pour obtenir son plat.

Alors on se met à la cuisine ! Vous n'imaginez pas les progrès que j'ai fait dans ce domaine depuis que je suis arrivée au Burundi, c'est inouï : pancakes, gnocchis, dulce de leche, curry de poisson, etc. Je suis devenue une cuisinière hors pair (sans me vanter bien sûr!). Le seul problème, c'est que les marchandises peu diversifiées et les horaires d'ouverture restreints des kiosques à Ngozi oblige à un minimum d' « anticipation », au risque de se retrouver l'estomac vide à 22h parce qu'on n'a rien prévu pour dîner et que tout, restaurants y compris, est fermé.

Par ailleurs, ici, pas de plats préparés, ni même de chips ou de boîtes de conserve. Il faut tout (ou presque) acheter frais et tout cuisiner. La cuisine devient alors vite chronophage, alors même que certains soirs, en rentrant épuisés du travail, on n'a qu'une seule envie : se mettre en pyjama et déguster une blanquette de veau déjà préparée et rechauffée au micro-ondes et une soupe en brique, le tout devant un bon film. Voilà une situation qui vous transforme rapidement en véritable machine à planifier : les menus, les courses, les tâches ménagères...ça n'en finit plus ! C'est que cela semble la seule façon de préserver un peu son confort. Les anciens se sont déjà adaptés, mais les nouveaux venus ont tendance à se sentir un peu agressés par si peu d'improvisation.

Voilà, vous savez l'essentiel ! La vie à la maison, c'est pas tous les jours dimanche, mais on ne peut pas trop se plaindre non plus quand on vit dans un 200m2 avec un petit jardin plein de basilic et de menthe, une terrasse couverte, un hamac et un super transat ! Home sweet home !

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