mercredi 14 octobre 2009

BE FUNNY, BE IN BURUNDI

Chers lecteurs,

Vous vous souvenez sans doute de mon dernier post où j'évoquais avec enthousiasme la bonne humeur des burundais. Et bien, après deux semaines passées ici, je dois maintenant approfondir ce point. Car en fait de bonne humeur, c'est du « bon humour » burundais qu'il faut parler. Et oui, alors que beaucoup d'entre nous ont du mal à saisir le « british humour » qui sévit outre-manche, à deux heures d'eurostrar, l'humour burundais est à la portée de quiconque apprécie un tant soit peu les double sens.

Ce trait culturel, le burundais le doit d'abord à sa langue. En effet, le kirundi (que je ne maîtrise pas encore, rassurez-vous, mais que les Burundais ont beaucoup de plaisir à faire découvrir) fourmille d'ambiguïtés pleines d'ironie. Le premier exemple qu'il me faut citer est le verbe « usoma »: il signifie à la fois « boire » (l'équivalent de notre « santé » lorsque l'on trinque se dit « soma »), « lire » (ce qui en dit long sur ce que les Burundais pensent des intellectuels ;-)) et « embrasser » (autant vous dire que lorsqu'un homme vous invite à « boire », il n'est pas difficile de savoir où il veut en venir!). De même, en kirundi, les verbes « écouter » et « goûter » se disent avec le même mot. Pour moi, cette dernière subtilité est le signe par exellence de la grandeur de cette langue, qui accorde au verbe et à la musique « une saveur ».

L'autre aspect de l'humour burundais, c'est l'absence de maîtrise des autres langues. En effet, parmi les blagues les plus connues ici, on raconte souvent les mésaventures de l'ancien président Buyoya qui, malgré son ignorance totale de l'anglais, souhaitait absolument faire montre de ses compétences linguistiques en toute circonstance. On raconte notamment comment, à la question d'un dignitaire anglophone « How do you feel? », il répondit « I Phill Collins ». Une autre perle digne d'être retranscrite: Buyoya arrive très en retard à une réunion, il entend son premier conseiller s'excuser « I am sorry », le second lui emboîte le pas « I am sorry too »; le président enchâine alors tout naturellement « I am sorry three »! Histoires vraies garanties!

Enfin, je dois citer un aspect de la vie burundaise qui moi me fait hurler de rire: le « journal de 20h » (qui est en fait à 19h30 en français) de la seule chaîne de télévision burundaise RTNB (Adrien, ce petit clin d'oeil politique est pour toi!. Ils ont un site internet, vous pouvez peut-être aller jeter un coup d'oeil: www.rtnb.bi/. Moi qui était épuisée par l'omniprésence de Sarkozy dans les médias et la complaisance de certaines chaînes de télévision privées, j'ai pris une bonne leçon! Toutes les nouvelles et tous les reportages tournent autour du Président, qui est présenté sans retenue comme un saint homme! Lors de ma première expérience du JT burundais, après trois reportages commençant par « le Président N'kurunziza a fait/ a dit/ s'est joint à la population pour», une nouvelle, enfin, semble parler d'autre chose. En l'occurence, un don de 350 sacs de ciment provenant d'un homme d'affaire éthiopien pour la construction d'écoles primaires. Et là, interview du vice-président de la république qui dit, à peu de chose près, ceci: « Lorsque cet homme d'affaire éthiopien est venu au Burundi et a vu à quel point le Président était proche de la population, lorsqu'il a vu ce dernier passer des heures entières à mettre la main à la patte avec ses concitoyens pour construire un centre de santé, il a voulu honorer la grandeur d'âme et la générosité uniques au monde de ce Président». Grandiose! Et ça ne s'arrête pas là! Le fameux centre de santé fait aussi l'objet d'un reportage dans le même JT... et dans le JT du lendemain, puis du surlendemain, et jusqu'à 1semaine plus tard! Fantastique!!

En espérant que ce post aura éclairé votre journée, ou vous aura au moins fourni quelques bonnes blagues pour briller en société! A bientôt!

1 commentaire:

  1. je sais pas mais vraiment, j'phill collins en ce moment du coup ça me donne envie d'usoma et de manger du sorry zoo.

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