mercredi 28 octobre 2009

BE AN EXPATRIATE IN BURUNDI

Très chers lecteurs,

Ce WE, nous sommes descendu (Maman, ne grincez pas des dents, ici c'est comme ça que ça se dit) à Bujumbura. Vendredi soir, grosse soirée d'expatriés chez Julien, ça faisait très bizarre de voir autant de blancs, et surtout de français, d'un coup! Comme le monde est minuscule, j'ai une fois de plus retrouvé des gens que je connaissais de sciences-po: un type que je croisais de temps en temps à l'Abbaye, et un rouquin plutôt beau gosse qui était en cours d'espagnol avec Tatiana et moi. «El mundo es un panuelo!». Nous sommes allés dormir chez Clémence, une des filles qui étaient venues à Ngozi avec Pauline pour la fête de l'université, et qui nous a gentiment hébergés et délicieusement nourris: salade verte, jambon de parme, fromage de chèvre, et même une tarte aux fraises! Que du bonheur!

Pour nous 3, Maxi, Laura et moi, venus de notre campagne profonde, ce WE a été l'occasion d'une brève plongée dans le «monde des expatriés», qui vivent décidemmentde façon très différente de nous. C'est assez difficile à expliquer: je crois que leurs revenus très élevés par rapport au niveau de vie ici et leur jeune âge pour assumer les responsabilités qui leur sont confiées par les ONG ou les Organisations internationales qui les emploient, leur confèrent un air de vieux décadents avant l'âge! Ce qui me faire dire cela? L'observation ethnographique des soirées «mondaines» du type de celle de vendredi soir. Les gens se retrouvent, artificiellement réunis par leurs origines nationales (même si j'y ai aussi fait la connaissance de quelques Burundais très sympas). On se croise entre gens passionnants, qui font tous des boulots hyper intéressants sur la réforme de l'éducation et de la justice, la protection de l'environnement et que sais-je encore (comme je l'ai déjà dit, ici il y a tout à faire). On se repère entre expatriés issus de bonne famille, parfois cathos, souvent jeunes diplômés d'une grande école, et expats un peu altermondialistes installés dans des zones reculées voire instables, souvent pour le compte d'une ONG (je caricature évidemment, mais il y a un peu de ça). Cependant l'affectif est très peu présent dans ces relations: on échange rarement les numéros de téléphone et, j'imagine pour faire face soi-même à la solitude et à la séparation d'avec ses proches, on s'épanche peu. Pour ma part, je crois qu'une fois de plus, j'ai eu de la chance! Avec Maxi et Laura, on s'entend tous les 3 vraiment bien et nous partageons beaucoup (finalement l'espagnol m'est aussi utile ici qu'en Amérique Latine!). Et avec Clémence, Pauline et Hélène, je n'ai pas du tout ressenti cette distance, au contraire! Elles sont vraiment très chouettes et ça fait beaucoup de bien de pouvoir échanger sur nos sentiments respectifs, en français, avec les bons mots pour désigner les bonnes choses!

Enfin, après les hots spots touristiques de rigueur – le «Musée vivant» de Bujumbura: littéralement 5 crocodiles, 2 chimpanzés, et une volière qui abrite une pintade et 2 oiseaux morts; et la plage, dont nous n'avons malheureusement profité que de nuit, mais qui promet de nous faire passer des week-ends dignes des Seychelles – nous sommes repartis dimanche midi, plutôt contents de «rentrer chez nous»! C'est que je commence à m'y faire à Ngozi, à me repérer, à savoir où aller acheter des bricoles sans se faire demander le triple du prix, à connaître les bars sympas, à croiser des gens que je connais dans la rue, etc.

Il reste bien sûr beaucoup de chose à établir pour me sentir «installée». Je ressens notamment un manque assez curieux d'engagement au service des gens. Finalement, je travaille à l'université comme n'importe quel professeur, soit devant mon ordinateur soit devant mes élèves, mais je n'ai plus mes petits clochards pour me détendre le jeudi soir. Du coup, au programme des prochaines semaines, j'aimerais me trouver une activité associative en dehors de l'université, pourquoi pas avec le centre d'accueil des enfants des rues (qui sont décidemment très nombreux ici).

2 commentaires:

  1. Bon, je vois que tu prends bien tes repères. Excellent!
    Si qlq'un prétend que les "he muzungu" passeront avec le temps, sache qu'il ment. Donc accroche-toi bien pour les supporter pdt 2 ans. Et je te jure que parfois c'est "border line".

    Bonne continuation à toi. Au plaisir de te lire.
    Bénédicte

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  2. Chère Max, encore un billet très intéressant- je pense que le milieu des expatriés est très souvent décevant (même dans un pays aussi éloigné-mon frère avait la même impression au Bangladesh)...ah les français à 'étranger...(les anglais aussi ne t'inquiète pas!)*je t'embrasse très fort et bon courage - très belle photo, dommage que tu ne mettes pas de légende. Cet homme avec qui tu poses, est-ce le fameux "Hildéphonse"?

    Sarah

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